Par Jean Saint-Marc, France Bleu Toulouse lundi 5 septembre 2016 à 18:30
A la fin du mois d’août Chostine, qui travaille depuis 20 ans au CHU de Purpan, a envoyé un texto très inquiétant à un délégué syndical. Elle menace de se suicider. Le CHSCT a ouvert une enquête pour “situation de danger grave et imminent.” Selon la CGT ces situations se multiplient.
Le ministère de la Santé présentera “à l’automne” un plan contre les suicides dans les hopitaux : c’est ce qu’a annoncé Marisol Touraine ce week-end. Depuis juin, officiellement, cinq infirmiers se sont suicidés en France dont un à Rangueil. Mais selon la CGT, il y a eu, rien qu’à Toulouse, quatre suicides au sein du personnel du CHU.
“Ils n’en ont pas assez avec les quatre suicides du mois de juin. Ils attendent le mien” – Chostine
Le syndicat, majoritaire à l’hôpital, affirme également que de plus en plus d’agents sont suicidaires. C’est le cas de Chostine, qui travaille depuis 20 ans à l’hôpital. Elle était régulatrice au service logistique, avait plusieurs coursiers sous ses ordres. Mais en mai, elle a perdu son poste. Sa hiérarchie parle d’une faute professionnelle, elle nie et refuse sa nouvelle affectation.
A la fin du mois d’août elle envoie ce texto à un délégué syndical : “ils en ont pas assez avec 4 suicides au mois de juin. Je pense qu’ils attendent le mien. (…) Si je n’avais pas eu mes enfants je pense sincèrement que je serais passée à l’acte. (…) Je suis à bout” (sic)
Une enquête ouverte par le CHSCT
Depuis Chostine remonte la pente, mais tout doucement : “j’essaye de faire aller. J’ai le soutien de mes amis, de mes enfants, de ma famille. Ils me connaissent, ils savent que quand je craquerai je craquerai vraiment.” Elle a déposé plainte pour harcèlement.
A ECOUTER | “Ce message c’était sincère, pas calculé”
Le CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) a ouvert une enquête pour “situation de danger grave et imminent pour risque suicidaire” sur son cas. Une enquête plus générale a également débuté après ces quatre suicides du mois de juin.
La direction de l’hôpital précise bien que trois d’entre eux sont bien distincts, qu’il s’agit d’employés et d’une étudiante retrouvés à leur domicile ou dans leur véhicule.
“Un scénario à la France Télécom” – Julien Terrier de la CGT
“Selon les premiers éléments, il y a chaque fois un lien avec le travail” affirme Julien Terrié, secrétaire général adjoint de la CGT au CHU. “On est sur un scénario à la France Télécom. On a un système où on veut mettre dehors des fonctionnaires, il y a 22.000 suppressions de postes. Comme les fonctionnaires ont ce statut qui les protège, on leur met une pression pas possible.”
Et selon lui l’hôpital ne fait rien pour éviter les drames. La CGT envisage une action au pénal contre le ministère de la Santé : selon le syndicat les dispositifs de prévention sont insuffisants.
La direction de l’hôpital, quant à elle, souhaite que les conclusions de l’enquête administrative servent, en accord avec la famille, à “élaborer un plan d’actions pour minimiser les risques liés à la souffrance au travail et prévenir les suicides”.
Bonjour, je réagis à cet article car j’ai moi même été victime d’une souffrance au travail en février 2016 à l’hôpital des enfants, qui m’a plongé dans une dépression avec tentative de suicide. Je souhaiterai témoigner de cet histoire pour ne plus que cela se reproduise à l’avenir et que serve à confirmer les mauvaises conditions de travail. J’ai subi du harcèlement moral pendant des mois et du chantage de la part de la hiérarchie qui m’a poussé à démissionner. Je suis prête à temoigner pour faire avancer les choses.