Un remarquable article dans la presse étrangère revient sur l’essai de Georges Ritzer, The McDonaldization of Society, An Investigation Into the Changing Character of Contemporary Social Life, qui décrit la tendance dans la société de consommation à transformer un modèle traditionnel, en un modèle rationaliste, en appliquant la méthode scientifique à toutes les activités. Le concept s’applique à la médecine.
http://ojopelao.com/la-mcdonalizacion-de-la-medicina-y-sus-peligros/
…à lire absolument, même les non hispanisants peuvent comprendre
Le concept original de » McDonaldisation » de Ritzer comprend quatre points clés applicables à toute entreprise ou service:
1) L’obsession de l’efficacité. L’organisation est construite en s’orientant vers la production maximale en minimisant le temps et le coût des services.
2) La quantification des activités. Il faut utiliser le minimum de ressources nécessaires pour atteindre les objectifs. Il est impératif de quantifier chaque processus et le type de ressource utilisée.
3) La prévisibilité des résultats. Toute personne avec un besoin égal doit recevoir la même attention, avec les mêmes résultats prévisibles.
4) Le contrôle du processus. Les professionnels comme les ressources utilisées sont normés, vérifiés et si possible remplacés ou contrôlés par des technologies non – humaines.
La recherche de la rationalité pour obtenir un résultat homogène et prévisible n’appelle aucune discussion dans le domaine de la santé. On ne peut que souhaiter que les malades puissent tous bénéficier d’un résultat prévisible et favorable en suivant des protocoles.
Mais limiter l’intervention humaine soignante à l’application de normes et de « process » suppose que les patients soient eux aussi « normés » et que la médecine leur soit appliquée sans personnalisation particulière. C’est évidemment une vision irréaliste de l’homme et les conséquences en sont désastreuses : déshumanisation de l’acte soignant, perte de motivation d’un personnel transformé en technicien industriel, souffrance du malade, traité comme un objet, objet du soin.
L’article se conclut par une citation de Clemenceau « La guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires ». De même l’acte médical est bien trop sérieux pour être confié aux seuls soignants, mais sans leur implication dans le changement des organisations, le soin y perdra en qualité. On ne transforme pas des artisans du vivant en techniciens industriels sans dégat collatéral.