la dépêche du Midi
Pas sûr que la trêve des confiseurs soit respectée dans le conflit moins latent qu’il n’y paraît entre l’État, ordonnateur du «PPRT» de l’usine Herakles (ex-SNPE), et les associations d’opposants au dit «PPRT». Ces derniers, depuis le 29 novembre que l’enquête publique est close au sujet du Plan de prévention des risques technologiques (PPRT) de l’usine de l’île d’Empalot, ne cessent de justifier, pétitions à l’appui (500 signataires), leur rejet d’un plan qu’ils jugent à la fois «léger et dangereux».
Rappelons que dans le PPRT présenté à l’enquête publique, l’État le fait déborder du seul site industriel, ceci en y incluant les deux bras du fleuve Garonne, à l’Ouest jusqu’à la future zone de loisirs de l’Oncopole, mais aussi à l’Est au-delà du chemin des Étroits. «Si l’État a oublié ses engagements après la catastrophe d’AZF, ce n’est pas le cas de nos associations qui n’acceptent pas que les risques débordent du site Herakles», indique par exemple Guillaume Drijard, président du comité de quartier Saint-Michel. Ses homologues des autres quartiers disent tous la même chose, qui parlent de «risques d’effet irréversible sur la santé» en cas de problèmes, citons l’effet de surpression par rapport à un réacteur ou une fuite accidentelle synonyme de toxicité.
Toxicité invisible
Dans le même ordre d’idée, les opposants au PPRT posent cette question : «Pourquoi les effets toxiques d’un accident ont-ils été calculés avec des modèles valables uniquement pour un terrain plat et homogène, malgré la présence de la Garonne et de la colline de Pech-David ? Et comment ces effets toxiques ont-ils été calculés, alors que les seuils de toxicité de la plupart des substances en cause ne sont pas encore connus ?» Sans compter que les risques estimés ne le sont que sur des adultes sains. Quid alors des personnes les plus vulnérables, ainsi les patients des hôpitaux de Rangueil, Marchant ou du futur Institut universitaire du cancer de l’Oncopole ?
Quant au perchlorate d’ammonium, objet de la production d’Herakles, il ne lasse d’inquiéter en tant que tel : «Pourquoi la possibilité d’une explosion du perchlorate d’ammonium, en particulier pendant le chargement des camions et leur déplacement dans le site, n’est-elle pas examinée ?»
En attendant, le commissaire-enquêteur dispose encore de dix jours pour rendre son rapport, sachant que le délai peut être prolongé au-delà du 29 décembre. Après quoi, le préfet prendra sa décision en toute connaissance de cause. Enfin, a priori.