Les grévistes de psychiatrie seraient des agresseurs, sans valeurs soignantes, insultants, … Et puis quoi encore : des criminels ? Vous connaissez nos organisations syndicales et vos collègues de psychiatrie et vous savez bien que ce ne sont pas les animaux enragés qui sont dépeints dans la campagne de communication de la direction dans le mail envoyé à tous les hospitaliers et dans la presse. En aucun cas notre mobilisation n’a mis en danger les patients ni les soignants, c’est bien au contraire au vu des risques que nous avons détectés dans le nouveau bâtiment pour la sécurité que nous manifestons contre ce déménagement dans l’intérêt de tous.
Les patients ont pu déménager avec certes des retards dus à la grève, mais nous avons beaucoup réfléchi pour que nos actions n’entrainent aucune conséquence sécuritaire contrairement à ce qui a été dit, justement parce que nous sommes des soignants soucieux de la continuité des soins. La police est d’ailleurs passée sur notre piquet de grève appelée par la direction, elle n’a constaté aucun trouble à l’ordre public et s’est retirée.
Ce sont bien les agents de la psychiatrie, accompagnés par les élus du personnels de l’intersyndicale CGT SUD qui sont mobilisés, personne de l’extérieur n’a participé à notre piquet de grève.
Alors pourquoi tant de haine ?
Notre tort est peut être d’écorner l’image du CHU de Toulouse :
– Capable de mettre en place des organisations de travail et de services sans concertation avec les agents.
– Capable de mettre en place des organisations sans en évaluer les risques et « voir après » – rappelons nous de Logipharma et la stérilisation centrale qui ont ouvert en créant des dysfonctionnements majeurs dont tout le monde se souvient.
– Capable de passer en force lorsque l’on émet de sérieuses remarques sur la qualité des soins, sur les moyens, les effectifs (voir effectifs futurs de PPR et du cancéropôle).
– Capable de privilégier les contraintes budgétaires plutôt que de s’associer aux demandes des soignants qui sont grandissantes pour user de tout son poids sur les décideurs.
– Capables de réorganiser sans avis des instances du personnel créant « un trouble manifestement illicite » comme le dit l’arrêt de cour de cassation du 25 septembre 2013 qui condamne le CHU de Toulouse (Arrêt N°12-21747)
– Capable de faire les futurs déménagements sur Purpan à marche forcée.
Le fonctionnement de l’hôpital est à revoir profondément, de nombreux soignants se découragent, s’épuisent, commencent à faire des projets de départ tant le sens de leur travail est remis en cause par les réorganisations qui relèvent d’une santé marchande, incompatible avec nos valeurs.
L’hôpital se délite sous les coups des restrictions et « le pire est à venir » nous indique la direction. Cela veut dire que nous allons soigner autrement ? Sans temps pour le relationnel ? En enchainant les actes ? Sans temps pour se parler entre nous ? En faisant plus avec toujours moins ? en n’accueillant plus tout le monde ? Chacun doit refuser ces reculs.
Nous saluons le courage des agents de psychiatrie qui ont su dire NON et ont su alerter avec leurs moyens qu’ils ne pourrait pas faire leur métier dans les conditions que leur éthique leur impose. Un grand merci aux diverses expressions de solidarités que nous avons reçu durant ces deux jours.
Nous espérons que tous les agents du CHU sauront dire NON et qu’un hôpital 100% Public, Humain, d’Excellence et d’accueil universel reverra le jour.
L’intersyndicale CGT SUD du CHU de Toulouse.
Toulouse,
Le 17 octobre 2013