La dépêche du midi
Le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) qui se tenait vendredi 8 avril dernier à l’hôpital Purpan, et qui avait pour thème le projet de restructuration du pôle femmes-mère-couple a dégénéré.La séance était enregistrée -ce qui est légal- par les représentants du personnel, qui nous ont fait parvenir cet enregistrement.
Ce vendredi, trois cadres de l’établissement -le directeur de Purpan, la cadre supérieure du service de gynécologie et la directrice déléguée du pôle- participent à cette instance avec les représentants du personnel, qui ont eux convié des salariés à venir s’exprimer.
Des propos très blessants
Au bout de presque deux heures de discussions plutôt tendues, une aide soignante prend la parole pour raconter ses conditions de travail. « Nous sommes dans un état de stress permanent parce que nous travaillons constamment à flux tendu », raconte-t-elle posément. Elle parle depuis moins de deux minutes lorsque la directrice déléguée du pôle femmes-mère-couple fait à voix basse mais de manière intelligible la remarque suivante : « Si cette aide-soignante n’est pas capable de gérer son stress, elle n’a qu’à partir faire caissière à Casino. »
La déléguée du personnel qui est assise à ses côtés réagit immédiatement et répète à l’assemblée ce qu’elle vient d’entendre. L’aide-soignante incriminée quitte la salle en pleurs tandis que les délégués du personnel alpaguent violemment voire vulgairement la directrice du pôle. « Je m’excuse si mes propos ont été interprétés », plaide-t-elle. Les délégués demandent une suspension de séance. Les trois cadres, eux, restent seuls pendant une dizaine de minutes dans la salle, sans réaliser, visiblement, qu’ils sont toujours enregistrés.
Ils photographient en cachette les documents des syndicalistes
On les entend commenter l’incident de manière très embarrassée. « Ils vont pouvoir l’utiliser », s’inquiète notamment le directeur de Purpan. Mais le pire reste à venir. Les trois cadres fouillent les documents laissés par les élus du personnel sur la table. « Prend une photo, y’a personne», lâche une des cadres en rigolant.
La direction du CHU ne réfute pas ce qui s’est passé ce vendredi. «Le CHSCT est un lieu de débat où les propos peuvent parfois dépasser la pensée. La cadre s’est excusée lors de ce CHSCT et a réitéré ses excuses lors d’une réunion qui s’est tenue aujourd’hui, commente Dominique Soulié, directeur de la communication du CHU. Pour nous l’incident est donc clos. » Les syndicats, eux, ne l’entendent pas de cette oreille : ils ont déposé un préavis de grève pour vendredi et appellent à un rassemblement à 8 heures 30 à l’Hôtel-Dieu, où doit se tenir le Comité technique d’établissement.
CLAIRE RAYNAUD