Après seize jours de grève et une négociation le 5 novembre entre la direction de la Clinique du Pont de Chaume (groupe Vedici) et les grévistes, c’est toujours le statu quo.
Le 5 novembre, les grévistes ont libéré l’entrée de la clinique pour faire le siège devant la préfecture, rejoint par des agents du centre hospitalier de Montauban.
L’après-midi, la direction de la clinique du Pont de Chaume représentée par Pierre Attia chargé de mission auprès de la direction générale du groupe Vedici, Sandrine Arbade et Sylvie Mazières RH et une délégation CGT, menée par Lina Desanti, secrétaire départementale UD CGT 82 se sont mis autour de la table en présence de Pierre Garcia directeur du Travail, rapporte La Dépêche du Midi. Sans succès visiblement.
Les grévistes réclament une refonte de la grille salariale, une prime annuelle de 500 € par salarié, plus une prime exceptionnelle de 500 € pour 2015, les jours de congés supplémentaires en fonction de l’ancienneté, 12 jours « enfant malade » payés et de meilleures conditions de travail.
Soignants en souffrance
« Depuis quelques années, nos conditions de travail se sont dégradées et on nous prive de cette humanité et de ce temps d’écoute qui sont essentiels à nos métiers. On est en grève et on n’insulte pas les gens, on n’agresse personne et on laisse travailler les non-grévistes. On est là juste pour défendre nos droits et le métier qu’on a choisi. Malheureusement, aujourd’hui, on travaille dans l’insécurité et certains soignants sont en souffrance », on indiqué des grévistes à la Depêche du Midi.
De son côté Emilie publie une lettre pour dire son ras-le-bol : « Si j’écris ce soir c’est parce que je suis de nouveau en grève, ou plutôt en lutte, depuis le 22 octobre 6h00. Cette grève fait suite à 2 débrayages , un mené en juin l’autre en juillet ».
« Avant la grève j avais demandé à bon nombre de personnes comment elles se sentaient dans leur boulot (…) Toutes les personnes avec qui j ai eu l’occasion de parler ont été unanimes dans leur réponse : « j’aime mon boulot mais c est dur », « pfff, j ai pas envie d y aller », « je suis épuisée », « les réunions de services, tu parles, rien ne change après », « je cherche ailleurs, j’en peux plus », raconte-t-elle.
La grève ? « C’est la seule façon que nous avons de nous faire entendre, de faire entendre vos droits de patients à une prise en charge de qualité, que nous voulons, nous soignants, haut de gamme pour vous. alors arrêtez vous donc un instant, discutez avec nous, patientez 10 petites minutes en regardant notre petit balais de grévistes frigorifiés », conclut-elle
Ras-le bol de la maire de Montauban et des patients
La veille de négociations, la maire de Montauban, Brigitte Barèges, s’était immiscée et mis un peu plus d’huile sur le feu en indiquant : « Il n’y a plus d’Etat ! 40 grévistes bloquent l’accès à la clinique et l’Etat ne bouge pas ». Réponse des grévistes par le biais d’un tract : « les grévistes de la clinique du Pont de Chaume sont désolés de perturber la tranquillité de votre ville… Aujourd’hui, ils revendiquent le droit de bien travailler… « , rapporte La Dépêche du Midi.
Le Préfet note de son côté aucun délit d’entrave et les réquisitions devraient se poursuivre, notamment dans le service de dialyse qui est particulièrement touché, selon le site d’association de patients Renaloo.
« Cette grève a un impact fortement délétère pour les patients dialysés de la clinique (…) Si pour la plupart des autres activités médicales, des lieux de replis ont été trouvés, il n’est pas envisageable pour les personnes souffrant d’insuffisance rénale et traitées par dialyse de les transférer ailleurs. La Clinique du Pont de Chaume est le seul centre de dialyse du département », indique Renaloo qui ajoute que les patients dialysés sont les « otages de cette grève ».
Cyrienne Clerc