Paris, 22 juin 2015 – Les souffrances psychiques sont plus couramment détectées en France, selon une étude publiée mardi qui relève parallèlement que dépression, anxiété liée à l’emploi et burn-out touchent plus fréquemment les femmes que les hommes.
D’après ce travail de l’Institut national de veille sanitaire (INVS) publié mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), le taux de prévalence (à savoir la proportion d’une population atteinte par les troubles en question) est passé chez les hommes salariés de 1,1% en 2007 à 1,4% en 2012.
Pour les femmes salariées, ce taux a progressé également sur la période, passant de 2,3% en 2007 à 3,1% en 2012, soit à un niveau « deux fois plus élevé que chez les hommes« , observe l’étude qui n’apporte pas d’explication sur cette différence hommes/femmes.
Tous salariés confondus, la progression du nombre de cas de « souffrance psychique au travail« , telle que comptabilisée par les médecins du travail, peut s’expliquer par la « plus grande couverture médiatique des pathologies liées au travail« , estiment les épidémiologistes de l’INVS auteurs de l’étude.
Cette hausse peut aussi s’expliquer par une « libération de la parole auprès des médecins du travail » et par une plus grande sensibilisation de ces derniers sur ces troubles, selon ces chercheurs.
Mais ils estiment aussi que le phénomène « peut être mis en parallèle avec la détérioration des conditions de travail constatée ces dernières années« , notamment celles liées à l’organisation du travail et au durcissement des relations à la fois entre collègues et avec la hiérarchie.
Les « épisodes dépressifs légers » et les « troubles anxieux et dépressifs mixtes » – à savoir un mélange de plusieurs symptômes anxieux et dépressifs – sont statistiquement les troubles psychiques liés au travail les plus souvent rapportés chez les salariés.
Le nombre de personnes souffrant de burn-out, à savoir d’épuisement physique et psychologique à cause du travail, a progressé régulièrement tout au long de la période étudiée mais ce trouble reste nettement moins courant que les dépressions légères et les troubles anxieux.
L’ensemble de ces symptômes touchent statistiquement plus fréquemment les salariés plus âgés: la probabilité d’en souffrir est « sept fois plus élevée pour les hommes de 45 à 54 ans par rapport au moins de 25 ans« , note l’étude.
« Cette probabilité augmente également avec la catégorie sociale« , à savoir la souffrance psychique est plus courante parmi les cadres que chez les ouvriers, relèvent encore les chercheurs de l’INVS.