Le gouvernement a achevé vendredi 19 juillet le premier round de la concertation sur la réforme des retraites. Il a beaucoup écouté, n’a rien révélé de ses intentions. Il a visiblement choisi de n’abattre ses cartes qu’au dernier moment sur un sujet qui divise sa propre majorité, qui pourrait être motif d’affrontement social, qui pourrait fâcher le Medef et qui ne fait pas consensus (le mot est faible) entre les organisations syndicales.
L’exécutif sait de plus que le sujet mobilise déjà les organisations hostiles aux préconisations du rapport Moreau qui prône notamment l’allongement de la durée de cotisation et la fin des mécanismes d’indexation de l’évolution des pensions.
Le 10 septembre a été choisi comme date de mobilisation par la CGT, FO, la FSU et Solidaires et les premières remontées d’informations font état d’appels unitaires dans les professions et sur les territoires.
Si l’on ne sait encore rien des intentions du gouvernement, un faisceau d’indices et de petites phrases donnent à penser que l’exécutif est tenté de poursuivre les mêmes mécanismes qui ont déjà fortement dégradé le niveau des pensions et le taux de remplacement ces 20 dernières années. Ainsi, selon l’AFP citant une source « élyséenne », le président François Hollande «a pris des risques sur l’emploi, sur la famille, il le fera aussi sur les retraites». Hélas, cela n’est pas forcément rassurant. Car sur l’emploi comme sur la famille, il y a beaucoup à dire -et surtout bien des critiques à formuler- tant les décisions ne marquent pas de rupture véritable. S’il a pris un risque, hélas, c’est bien celui de décevoir.
La véritable audace serait de s’attaquer frontalement au partage de la richesse, de faire bouger le curseur en faveur de la rémunération du travail plutôt que de celle du capital. Faute de cela, on risque de s’en tenir à des mesures régressives.
Il va falloir que François Hollande et Jean-Marc Ayrault entendent et pour cela, nul doute, il va falloir monter le son…