A l’appel de la CGT et de SUD, plusieurs milliers de manifestants venus de toute la France, 8 000 selon les organisateurs, 3 600 selon la police, ont défilé samedi à Paris contre la politique de santé du gouvernement. L’accueil des patients, le financement des hôpitaux, l’emploi, les salaires, les conditions de travail… L’ensemble des sujets qui préoccupent les professionnels du secteur ont été relevés.
Malgré le «pacte de confiance» pour l’hôpital lancé par Marisol Touraine, ministre de la Santé, l’urgentiste CGT Christophe Prudhomme estimait qu’«entre le gouvernement Sarkozy et celui-ci rien n’a changé dans le domaine de la santé».
Il faut «en finir avec le démantèlement» de la protection sociale
Pour la secrétaire générale de la Fédération santé CGT, Nathalie Gamiochipi, la solution à ces problèmes est simple : «Nous exigeons une autre politique sanitaire et sociale définie à partir des besoins des populations pour garantir l’égalité d’accès de tous à des prises en charge de qualité», a-t-elle déclaré du haut d’un podium installé place de la Bastille, avant que le cortège ne se dirige vers la place de la Nation. «Pour cela, nous exigeons un financement ambitieux de la protection sociale, pour la consolider et la renforcer, pour en finir avec son démantèlement. Cela est possible à condition de répartir autrement les richesses produites par le travail», a-t-elle expliqué.
La politique de financement des hôpitaux, les partenariats public-privé comme à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) ou à l’hôpital sud-francilien de Corbeil-Essonnes (Essonne), les restructurations hospitalières, notamment à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), les difficultés des deux maternités emblématiques des Bluets à Paris et des Lilas en Seine-Saint-Denis étaient aussi à l’ordre du jour des sujets brûlants, tout comme les conditions de travail à l’hôpital.
«Le nombre de tentatives de suicide dans notre secteur est tenu secret, pourtant rien qu’à l’AP-HP, ce sont au moins 35 collègues qui sont passés à l’acte depuis 2010, 7 collègues ont mis fin à leurs jours sur leur lieu de travail et 7 ont fait des tentatives», a affirmé Mme Gamiochipi.
Une demande de moratoire
Alors que vont s’ouvrir les premières discussions budgétaires pour 2014, «nous exigeons un moratoire sur toutes les restructurations et l’ouverture de négociations sur le financement des établissements, l’emploi, la formation et les salaires», a-t-elle ajouté.
Les urgences de l’Hôtel-Dieu, le plus vieil hôpital parisien, doivent fermer le 4 novembre pour être remplacées par une maison médicale ouverte 24 heures sur 24. La lutte pour éviter cette décision «sera le combat emblématique de la CGT-Santé», a déclaré Nathalie Gamiochipi. La syndicaliste dénonce les risques d’une telle fermeture car certains patients, les cas les plus sérieux, seront acheminés vers les urgences d’autres hôpitaux parisiens déjà surchargées.
Une délégation de la CGT sera reçue lundi en fin d’après-midi par la ministre, Marisol Touraine.