Lettre ouverte de la CGT du CHU de Toulouse concernant le cancéropôle (IUC)

Monsieur le Président de la République,

Madame la Ministre des Affaires Sociale et de la Santé

Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

Madame la Ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie

Monsieur le Ministre de la Défense

Monsieur le Préfet de Haute Garonne

Monsieur le Maire de Toulouse

Monsieur le Président du Conseil Régional de Midi Pyrénées

Monsieur le Président du Conseil Général de Haute Garonne

Madame la Directrice de l’Agence Régionale de Santé

Monsieur le Directeur Général du CHU Toulouse

Monsieur le Directeur Général de l’Institut Claudius Regaud

 

Nous décidons de rédiger cette lettre ouverte pour donner la position du syndicat CGT du CHU Toulouse concernant l’ouverture de l’institut Universitaire du Cancer. Permettez-nous dans un souci de clarté et d’efficience d’articuler notre courrier sur la base des dates et chiffres clés rappelés publiquement par le site internet http://www.cliniqueuniversitaireducancer.eu/, site dédié à la future structure de l’Institut Universitaire du Cancer.

21 septembre 2001 : Catastrophe d’AZF sur le site de Langlade à Toulouse.

L’idée de vouloir faire revivre le site de Langlade, siège de l’explosion d’AZF du 21 septembre 2001, n’est pas remise en cause par l’organisation syndicale CGT du CHU Toulouse au même titre que vouloir mettre en place une structure dédiée à la cancérologie.  Cependant les méthodes, les actions et certains choix sont loin de nous proposer une vision sereine du projet. En effet, pour une grosse partie de la population toulousaine, un triste souvenir demeure. Le souvenir aussi de cette phrase : “ça ne devait jamais exploser !!!” et pourtant c’est arrivé…. 12 ans après, les pouvoirs publics concernés tiennent exactement les mêmes discours au sujet des ballastières. Ce que notre organisation syndicale constate à ce sujet c’est :

L’omerta de la part de la DGA et des pouvoirs publics.

Un gain de temps pour ne rien faire et laisser les choses en l’état jusqu’à l’épuisement de tous.

La poursuite du contrôle exclusif très strict de cette zone militaire pour y agir sans regard « civil »

La contradiction entre la DGA avec le Ministère de la Défense sur le grave problème de la ballastière 0

La minimisation à outrance des impacts nocifs de toutes ces opérations de réhabilitation.

Le CHSCT du CHU Toulouse a majoritairement préconisé le refus que tout agent de l’hôpital travaille sur ce site tant que la dépollution totale (sol et ballastières) du site n’est pas effectuée.

Historiquement, nous souhaitons rappeler que c’est une préconisation du CHSCT du site AZF qui a sauvé la vie des toulousains. En effet, dans les années 90, le CHSCT de site avait préconisé l’enterrement et le doublement de la paroi des canalisations et de la cuve de Phosgène. Fort heureusement sur ce sujet les représentants du personnel ont été écoutés.

Que dire aussi de l’implantation d’une crèche publique sur le site de l’ex poudrière de Braqueville. Le syndicat CGT du CHU Toulouse soutient l’initiative de la Mairie de Toulouse d’une création de crèche à proximité de l’IUC, mais ne peut cautonner la création d’un lieu pour enfant sur un site pollué :

Nous souhaiterions, que le projet de la création d’une crèche hospitalière sur l’hôpital Marchant, comme le CHU en fait le vœux au CTE, soit pris en compte.

31 mars 2004 : Philippe Douste-Blazy, Ministre de la santé, annonce la création du Cancéropôle toulousain sur le site de Langlade. L’État confirme son soutien en finançant intégralement l’investissement de la Clinique Universitaire du Cancer, à hauteur de 300 millions d’euros.

Auquel il faut rajouter

– 100 millions d’euros oubliés dans les publications,

– Quelques dizaines de millions d’euros pour le contentieux avec Vinci construction,

– Encore d’autres pour corriger les problèmes de plombage des bunkers de radiothérapie,

– D’autres fonds pour, hélas, assurer le gardiennage du bâtiment vu les retards organisationnels, médicaux, – Environ 10 millions d’euros pour l’amortissement, etc….

, et ce que l’on ne sait pas encore définir.

La seule solution prônée au regard de ces dépenses : augmenter l’activité notamment en radiothérapie. Le syndicat CGT du CHU Toulouse le sait bien, augmenter l’activité va de pair avec baisser les effectifs et abaisser les durées moyennes de séjour pour rentabiliser les séjours… Mais à quel prix ?

Le Groupement de Coopération Sanitaire des établissements privés de cancérologie de Midi Pyrénées a bien compris ce concept.

Pour preuve, dès qu’ils ont saisi le       cela représentait comme perte du chiffre d’affaire, ils ont cessé toute discussion à l’Assemblée Générale du GCS CUC en février 2013. Tout est  rentré dans l’ordre lorsque les experts ont rapidement intégré les établissements privés de la Cancérologie dès le futur Conseil d’Administration de la structure IUC. Ces membres ont rapidement compris la perte de chiffre d’affaire à l’origine de leur retrait de toute discussion en février 2013 lors d’une Assemblée Générale du GCS CUC. L’alerte a vite été donnée, vos experts sont rapidement intervenus et tout est rentré dans l’ordre en faisant rentrer au futur Conseil d’Administration de la structure IUC les établissements privés de la cancérologie.

A présent, vu les sommes astronomiques engagées et les dépenses que va générer une telle structure notamment en exploitation, vous ne pouvez plus vous permettre de trop décaler une ouverture même si rien n’est encore clarifié, formalisé d’autant plus qu’au CHU Toulouse le concept « d’engagement en marche forcée » n’est pas pleinement maîtrisé, pour preuve sur 2012/2013, les préavis de grève, le nombre de CHSCT, les demandes d’expertise, etc….

Enfin, nous posons ouvertement la question : Est-ce que l’Etat, par l’intermédiaire notamment de l’Agence Régionale de Santé Midi Pyrénées, va aider cette structure en soutenant financièrement la transition et le lancement sur plusieurs années ?

Février 2006 : Le projet médical et scientifique de la Clinique Universitaire du Cancer est adopté.

Mars 2009 : Le CHU de Toulouse et l’Institut Claudius Regaud entérinent leur projet médical commun 2008-2012.

Nous sommes en mars 2013 et les 2 experts Mr Philip et Mr Syrota n’ont toujours pas rendu leur rapport ni communiqué un projet médical ficelé entre les 2 institutions. Comment imaginer que dans moins d’un an cette structure va assurer, même a minima dans un premier temps, la prise en charge des patients et ce dans la continuité. Comment croire qu’en quelques semaines les 2 experts, certes impliqués, vont régler des divergences historiques entre les 2 structures, divergences qui résident essentiellement entre les 2 directions et les 2 composantes médicales et chirurgicales. En dessous, les autres agents, subissent et subiront ces enjeux de pouvoir, la routine des restructurations, des regroupements….

Nous avons évoqué la présence sur Toulouse des 2 experts. En nommant ces 2 intervenants, qui ont une expérience reconnue dans de telle structure où la mixité des statuts est fréquente, vous avez 2 chefs d’orchestre qui essaient de convaincre 2 musiciens solistes de jouer la même partition. Nous nous rendons compte à plusieurs niveaux que le concert est parsemé de fausses notes. Vous allez donc faire avec les 2 directions et les 2 équipes médicales ce que ces directions font à présent systématiquement avec les personnels de notre structure : du passage en force, vous allez imposer des organisations, des modes de gestion….

Tous ces choix, nous le constatons, se font et se feront sans aucune négociation syndicale. A ce jour, vos experts nous convoquent uniquement pour nous informer, l’autre source d’information étant la presse. Et nos instances que font-elles ? Juin 2012, dans l’urgence, nous devons nommer des représentants de notre Comité Technique d’Etablissement pour siéger dans un Comité Social qui n’a aucune valeur juridique au regard des textes de la Fonction Publique Hospitalière. Il faudra attendre décembre 2012 pour voir se réunir le premier Comité Social dans lequel les 2 directions du CHU Toulouse et de l’ICR attendent en fait que les représentants du personnel exposent leur ressenti, des idées pour leur permettre d’avancer. La seule information concrète que nous retiendrons de ce premier Comité Social : le projet médical n’est pas écrit, il est dans la tête du Directeur Général de l’ICR !

Depuis, nous sommes promenés entre décisions et contre-décisions, orientations et contre-orientations. La Direction Générale du CHU Toulouse refuse depuis plusieurs mois d’inscrire à l’ordre du jour du Comité Technique d’Etablissement le dossier Institut Universitaire du Cancer. La dernière demande écrite à notre initiative a été renvoyée vers ce fameux Comité Social. Dans les services, le mot d’ordre est, au niveau encadrement, de ne rien divulguer. La pression est mise sur les personnels pour admettre des choix dans lesquels l’organisation et les conditions de travail sont et seront modifiées. Nous sommes dans une situation d’excès de pouvoir pour ce qui concerne la consultation des instances représentatives du personnel des deux entreprises.

Nous avons quitté, avec nos collègues CGT de l’Institut Claudius Regaud,le comité social du 26 mars 2013 pour dénoncer ce déni de nos directions.

Pour le syndicat CGT du CHU Toulouse il est urgent de garantir :

– La dépollution totale du site avant le déménagement des activités.

– Une organisation de travail claire et concrète sur toutes les unités du site.

– Le maintien des statuts et acquis des agents de l’Institut Claudius Regaud et des agents du CHU de Toulouse intervenant sur ce site.

– L’accompagnement social et psychosocial de la mobilité des agents concernés

– Le maintien total des qualifications, compétences et emplois des agents concernés

– Les recrutements nécessaires à la hauteur de l’activité.

Et que nous soient présentés en instance :

–        l’organigramme et le fonctionnement des directions de ce GCS ;

–       le statut juridique de ce GSC

–       les perspectives financières de l’IUC

Il est urgent aujourd’hui de consulter les agents en donnant des informations claires et assurées sur l’organisation du travail et leur qualité de vie au quotidien sur ce site. Cette consultation doit se faire en respectant la représentativité des organisations syndicales dans les instances représentatives du personnel. L’inquiétude et la colère monte fortement parmi les agents.

Le syndicat CGT du CHU Toulouse

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