« Le problème est un problème de prix de revient et de coût, donc de bénéfice », estime l’avocat de PIP.AFP/SEBASTIEN NOGIER
L’avocat de la société PIP (Poly implant prothèse) s’est exprimé lundi 26 décembre dans la soirée sur France Info pour défendre l’entreprise d’implants mammaires – implants soupçonnés d’être en cause dans huit cas de cancer, dont un décès, chez des femmes qui les portaient.
Parmi les deux gels utilisés dans la fabrication des prothèses, l’un, « il est vrai, n’a pas reçu l’agrément des normes françaises », explique Me Yves Haddad. « Le problème est un problème de prix de revient et de coût, donc de bénéfice. C’est une démarche capitaliste, et c’est comme ça. » L’avocat a ajouté pour la défense de l’entreprise qu’il n’est pas démontré scientifiquement, à ce jour, que ce produit ait un caractère de dangerosité. « Le reste, c’est de la philosophie. Ce n’est pas bien (…) mais c’est comme ça », conclut-il.
UN MILLION D’EUROS D’ÉCONOMIE PAR AN
Début 2010, le parquet de Marseille, alerté par l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), ouvrait une enquête préliminaire pour « tromperie sur les qualités substantielles du produit, publicité mensongère, et mise en danger de la vie d’autrui ». Les enquêteurs constatent que l’entreprise utilise un gel de silicone non conforme, « dix fois moins coûteux » qu’un gel conforme, lui permettant de réaliser une économie d’environ un million d’euros par an.
Vendredi 23 décembre, le gouvernement français a recommandé aux 30 000 femmes qui portent des prothèses PIP en France de se les faire retirer. La direction de la Sécurité sociale a indiqué que le coût maximal pour la Sécu des opérations de retrait des prothèses mammaires PIP était estimé à une soixantaine de millions d’euros.
JEAN-CLAUDE MAS N’EST « PAS CHARCUTIER »
L’avocat de PIP est également revenu lundi sur le cas de Jean-Claude Mas, fondateur de l’entreprise PIP, qui n’a jamais été charcutier selon lui, comme l’ont évoqué plusieurs médias. Pas non plus d’homme mystérieusement « introuvable », puisqu’il réside toujours en France, dans le département du Var, assure l’avocat. A 72 ans, il viendrait de subir une intervention chirurgicale.
Me Haddah souligne que son client a toujours répondu aux convocations de la justice et qu’il a été placé en garde à vue à deux reprises, en novembre 2010 puis le 13 octobre 2011 pour un reliquat de trois heures dans le cadre des enquêtes sur les prothèses en France. « Il s’est expliqué lors de ces auditions et attend sans problème une nouvelle convocation de la justice », du magistrat du pôle santé de Marseille en charge du dossier de Poly Implant Prothèse (PIP).
Enfin, l’avocat accuse Interpol d’avoir provoqué un amalgame entre l’affaire des prothèses et un avis de recherche concernant un accident en état d’ivresse au Costa Rica.
POURSUITES AUX ÉTATS-UNIS
Aux Etats-Unis également, où elles ont été commercialisées jusqu’en 2000, les prothèses PIP ont fait l’objet de nombreuses poursuites selon des documents consultés lundi sur le site des autorités boursières américaines. Entre 1996 et 2009, des utilisatrices de ces prothèses, ou encore des partenaires dénonçant des impayés ou des ruptures de contrat, ont déposé plusieurs dizaines de plaintes contre toutes les représentations légales de PIP dans le pays (PIP/USA, PIP America, Heritage Worldwide, etc.).
Certaines plaintes attaquent personnellement Jean-Claude Mas, fondateur de PIP. Les plaintes font notamment part de marchandise défectueuse, inappropriée pour l’utilisation en ayant été faite, ou encore contraires aux législations locales de la consommation. La majorité d’entre elles ont été déboutées, parfois pour des problèmes de forme. Certaines ont ainsi été classées après le dépôt de bilan de PIP, le 28 avril 2009, suivi par sa liquidation en 2010.
Le Monde.fr