Réforme des retraites: hémorragie d’infirmières

La suppression du dispositif « quinze ans, trois enfants » a poussé de nombreuses fonctionnaires à prendre une retraite anticipée. Espaceinfirmier s’est procuré les chiffres officiels relatifs aux infirmières.

Les syndicats avaient prévenu : la suppression, à compter de l’application de la réforme des retraites le 1er juillet 2011, de la possibilité de prendre leur retraite pour les fonctionnaires mères de trois enfants et justifiant de quinze ans de service allait brutalement vider les hôpitaux de leurs soignantes. Hélas, ils ne se sont pas trompés. Les statistiques de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL) l’attestent.

Ainsi, au premier semestre 2010, 989 infirmières ont pris leur retraite au titre de ce dispositif. Entre janvier et juillet 2011, elles ont été plus de quatre fois plus nombreuses à le faire : 4110. L’échéance de juillet 2011 a joué à plein, puisque 2 659 infirmières figurent comme nouvelles retraitées du dispositif « quinze ans, trois enfants » sur les registres de la CNRACL ce mois-là, contre seulement 189 en juillet 2010, soit… 14 fois plus !

Possibilité de cumuler pension et activité rémunérée
Pas étonnant dans ces conditions que les établissements publics de santé aient connu de grosses difficultés cet été, notamment les centres hospitaliers spécialisés qui, en plus de ces départs, ont dû, à partir du 1er août, appliquer une réforme des soins psychiatriques sans consentement particulièrement gourmande en temps soignant.

Fin juin 2011, le directeur de la CNRACL, Gérard Perfettini, avait indiqué que « 18 900 départs » étaient intervenus « durant le premier semestre » 2011 au titre du dispositif « quinze ans, trois enfants », dont 55% dans les hôpitaux, alors même qu’ils ne représentent que 40% des assurés à la CNRACL (1). Dans la fonction publique hospitalière, infirmières et aides-soignantes ont logiquement représenté le gros des départs « car elles n’avaient aucune inquiétude sur leurs perspectives d’emploi après », observe Philippe Crépel, responsable du secteur revendicatif de la fédération CGT Santé Action sociale, puisque ces jeunes retraitées peuvent cumuler leur pension avec une activité rémunérée, que ce soit en passant au privé, en s’installant en libéral, voire en revenant dans le public, en CDD ou en intérim.

Le métier infirmier, déjà « en tension », n’avait pas besoin de ça. Ces dernières semaines, les directions des trois plus gros groupes hospitaliers du pays ont communiqué sur la pénurie d’infirmières à laquelle ils sont confrontés : 400 postes ne sont pas pourvus à l’AP-HP (Paris), 240 aux HCL (Lyon) et l’AP-HM (Marseille) a fait savoir hier qu’il lui manquait « plus de 100 postes d’infirmiers, compensés par des heures supplémentaires et de l’intérim ».

Cécile Almendros
 
1 – Cf « Retraites anticipées: un afflux inattendu des départs des mères de trois enfants », Les Echos, 23 juin 2011.

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