Révision du temps de travail à l’hôpital: Marisol Touraine ne veut pas s’immiscer dans les discussions locales

(Par Caroline BESNIER, aux salons santé autonomie)

PARIS, 19 mai 2015 (APM) – La ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, Marisol Touraine, ne veut pas s’immiscer dans les discussions menées localement par les hôpitaux pour revoir l’organisation du temps de travail, mais les appelle à respecter le dialogue social et à ne pas dégrader les conditions de travail, a-t-elle déclaré mardi à l’occasion de l’inauguration de l’édition 2015 des salons santé autonomie (SSA) à la Porte de Versailles à Paris.

Lors d’un point presse organisé à la suite de son discours inaugural des SSA qui se tiennent jusqu’à jeudi, la ministre a rejeté l’idée d’un cadre ou d’une négociation au niveau national sur le sujet des 35 heures à l’hôpital, comme le demandait le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) (cf APM EH9NOLE8K).

Elle a observé, sans la nommer, que la FHF pouvait parfois appeler à plus d’autonomie pour les établissements mais souhaitait sur le temps de travail un mot d’ordre national. « Il n’y a pas de mot d’ordre national car c’est établissement par établissement que s’organisent les discussions autour du temps de travail, des conditions du temps de travail et de la qualité des prises en charge », a-t-elle martelé.

Pour elle, les éventuelles évolutions doivent donc être discutées au niveau local. Elle s’est déclarée strictement attachée à cette « démarche autonome qui place chaque établissement devant ses responsabilités et ses choix » par rapport à l’évolution de ses organisations et à la mise en œuvre des 35 heures.

Elle a néanmoins appelé les établissements à traiter la question du temps de travail « de manière exemplaire », sur la forme comme sur le fond.

« Il faut que le dialogue social soit au rendez-vous » et « que les objectifs soient compris, entendus de tous », en associant donc « à chaque étape de façon extrêmement étroite l’ensemble des personnels », a insisté la ministre.

Marisol Touraine sera « attentive » à la manière dont les choses se passent. Pour que les organisations nécessaires et attendues soient mises en place et qu’elles aboutissent, « nous devons faire en sorte de ne pas donner le sentiment de porter atteinte aux droits de tel ou tel ». Elle a souligné lors du point presse l’importance d’être attentif à la qualité de la vie au travail des médecins, des soignants, des personnels administratifs et techniques.

S’agissant des travaux engagés à l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) sur la révision des rythmes de travail (cf APM CB5NNMFG6 et APM SAN6NNXJOQ), elle a assuré qu’elle veillerait à Paris -« qui n’est pas la France »- au respect des droits des salariés comme des conditions du dialogue social.

« Nous verrons comment les propositions de la direction avancent » mais « il ne m’appartient pas de m’immiscer dans la discussion qui intervient dans un établissement même si c’est le plus grand de France ». « C’est de la responsabilité de la direction de l’AP-HP aujourd’hui de voir comment des évolutions peuvent intervenir en termes d’organisation de la prise en charge », a-t-elle souligné.

« A l’AP-HP comme ailleurs », elle « souhaite que les agents soient associés et il est important que la méthode adoptée soit comprise de tous », a-t-elle insisté.

DEFENSE DES 35 HEURES

Marisol Touraine a longuement défendu les 35 heures à l’hôpital. « J’entends beaucoup de choses sur les 35 heures, moins à cette tribune d’ailleurs que parfois à l’extérieur », où « il s’agirait au fond malgré les précautions oratoires prises aujourd’hui de contester les 35 heures », a-t-elle observé.

« Nous sommes en 2015, nous ne sommes pas en 2002, nous ne sommes pas davantage en 2017, nous n’avons pas besoin de déclarations tonitruantes, nous avons besoin d’avancer de moderniser, de transformer ».

Elle a affirmé que le gouvernement était attaché aux 35 heures à l’hôpital comme ailleurs. « Il n’est donc pas question de remettre en cause leur cadre réglementaire et d’ailleurs personne dans les établissements ne propose de remettre en cause ce cadre réglementaire ».

Elle recommande donc de ne pas « brandir cet étendard pour se voir décerner des brevets de réformisme ». Cela risque même de « braquer les équipes soignantes à un moment où nous avons besoin de transformations », qui sont nécessaires dans l’intérêt des soignants, de la qualité de vie au travail et dans l’intérêt des patients, a-t-elle mis en garde.

Elle conseille également de ne pas faire peur aux hospitaliers en leur faisant croire à une remise en cause des 35 heures, tout en reconnaissant qu’en 2002, leur mise en place s’est faite « trop vite » et qu’elles ont été « trop rapidement négociées dans certains endroits ».

« Ce sont des organisations qui se sont mises en place qui peuvent d’ailleurs être revues et qui ont été revues dans beaucoup d’établissements depuis 2002 », a-t-elle noté.

Elle a appelé les établissements à prêter une « meilleure attention » aux conditions de travail de tous les personnels de l’hôpital. « Les évolutions de l’hôpital doivent conduire à des progrès pour la prise en charge pour les hôpitaux et pour les agents aussi ». Elle estime qu’il faut rechercher un nouvel équilibre, qui ne peut se trouver qu' »à travers un dialogue social approfondi ».

cb/ab/APM polsan

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CB5NOLH4R 19/05/2015 15:21 ACTU

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