“ […] il ne reste plus qu’à poursuivre les efforts qui permettront au public d’oublier progressivement qu’il cohabite avec un site Seveso seuil haut […] ”, Louis Lasserre, commissaire enquêteur – rapport suite à l’enquête publique sur les risques technologiques du site Safran-Herakles.
Engagé début 2010, le Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT) concernant l’île d’Empalot et les ateliers de chimie de la société Herakles (filiale du groupe Safran – ancienne usine SNPE) vient d’arriver à son terme. En effet, le 20 janvier 2014, le commissaire enquêteur rendait ses conclusions à l’issue de l’enquête publique qui s’est déroulée du 14 octobre au 29 novembre 2013. Nous n’entrerons pas dans un exposé de ce dossier complexe au cœur du projet de l’Oncopole – construit sur l’ancien site AZF – mais nous nous concentrerons sur une phrase pour le moins étonnante.
Page 64, l’auteur du rapport aborde une question finalement centrale du dossier : doit-on, peut-on déménager ce site situé aux portes de la ville, où sont notamment produits, annuellement, plusieurs milliers de tonnes deperchlorate d’ammonium ? Il s’agit d’un composant essentiel et potentiellement dangereux rentrant dans la composition du carburant d’Ariane et des missiles stratégiques de l’Armée française.
Réponse : non, selon l’Etat, qui estime qu’aucune disposition légale ne permet une telle délocalisation, tandis que l’exploitant récuse allègrement une telle perspective. Selon la société Hérakles, qui estime renforcer la sécurité de ses installations, cet éventuel déménagement coûterait plusieurs centaines de millions d’euros… Remarquons au passage que l’Etat a emprunté près de 350 millions d’euros, sans compter les intérêts, pour construire la Clinique du Cancer, située à près d’un kilomètre des ateliers Herakles. Précisons par ailleurs que la mairie de Toulouse ainsi que Toulouse Métropole ont approuvé le PPRT, tandis que le Conseil Général de Haute-Garonne l’a rejeté.
Après avoir lui aussi rejeté l’hypothèse “disproportionnée” d’un déménagement, Louis Lasserre, commissaire enquêteur, conclut, page 66 : “ […] il ne reste plus qu’à poursuivre les efforts qui permettront au public d’oublier progressivement qu’il cohabite avec un site Seveso seuil haut. Ces efforts se feront sur le plan industriel (réduction des risques) et se poursuivront sur le plan de la communication (transparence sur les progrès réalisés et les risques résiduels) “
Les Toulousains n’ont plus qu’à oublier, se boucher les oreilles, les narines, fermer les yeux et se rendormir près d’une zone toujours aussi dangereuse. Sans oublier les “ballastières” le long de la Garonne, contenant depuis un siècle des milliers de tonnes de nitrocellulose potentiellement explosives et dont les industriels présents sur le site et l’Etat se sont toujours rejeté la responsabilité.
Frédéric Dessort, Vice-président de l’Association des Journalistes de Toulouse et Midi-Pyrénées
En pièce jointe, les conclusions du commissaire enquêteur que l’on peut aussi trouver sur cette page
Documents joints
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