Les personnels du secteur de la santé se sont mobilisés en masse, lundi et mardi, contre les coupes et les projets de privatisation dans la région de Madrid.
Tandis que la droite madrilène appuie sur l’accélérateur et déroule son plan de privatisation de la santé, les employés du secteur sont en grève et manifestent. Les syndicats ont enjoint ces lundi et mardi les 75 000 personnels de santé à prendre part à une grève. Le premier jour, cette dernière a été suivie à plus de 80 %. « Nous allons manifester jusqu’à ce que le gouvernement régional retire son plan », prévient Cristina Diez, interne de vingt-neuf ans à l’hôpital Gregorio-Maranon de Madrid. L’un des syndicats, celui des spécialistes, appelle même à une grève illimitée.
La « marée blanche », telle que la dénomme la presse espagnole, a touché les hôpitaux de la communauté de Madrid, et 150 dispensaires, dont 70 étaient fermés et dont certains ont été occupés à l’occasion d’une nuit blanche. Lundi, les manifestants se sont même introduits dans les locaux du ministère régional.
Un mouvement de grève s’est déjà tenu à la mi-novembre. Un autre est d’ores et déjà programmé les 4 et 5 décembre.
Les personnels contestent le plan annoncé le 31 octobre par le gouvernement de la communauté autonome madrilène, tenue par le Parti populaire (PP). Il ne prévoit rien de moins que la privatisation du secteur de soins. Six hôpitaux seraient donnés en concession au privé. En outre, 10 % des dispensaires pourraient être privatisés et confiés à des professionnels de santé. Cela concernerait 27 établissements. Deux hôpitaux verraient leur mission changée.
Au vu du budget alloué aux salaires pour 2013, les syndicats calculent que 8 000 postes seraient perdus, même si la communauté autonome s’en défend.
Par ailleurs, les malades devront verser une franchise d’un euro sur chaque ordonnance médicale. Toutes ces modifications proviennent des politiques d’austérité menées tant au niveau central que dans les régions espagnoles, qui ont dans leur périmètre de compétences à la fois la santé et l’éducation. Alors que, pour 2012, celles-ci ont le droit à un déficit de 1,5 %, elles doivent le ramener à 0,7 % l’an prochain.
Menées au pas de charge ces dernières années, ces politiques n’ont en rien amélioré la situation. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) vient de prévoir qu’en 2014 l’Espagne compterait plus de 6 millions de chômeurs, soit un taux de 27 %, contre 25 % aujourd’hui.
Gaël De Santis