Mr le directeur,
Malgré votre annonce en réunion du 16 juillet 2012 de ne pas vouloir négocier, nous nous sommes réunis le 20 juillet 2012 à 14h car nous sommes déterminés à reprendre le dialogue pour trouver une issue favorable au conflit. Nous avons reçu vos conditions écrites concernant la reprise du travail. Elles nous apparaissent avec peu d’avancée par rapport aux réunions qui se sont tenues dans le cadre du préavis de grève et qui n’avaient pas débouché sur un accord.
Concernant la première proposition de votre courrier, il n’y a aucun engagement à suivre les préconisations du CHSCT issues de l’analyse des deux enquêtes qui ont lieu sur ce service. Alors, comment avoir la certitude d’obtenir satisfaction si les études prouvent ce que l’on revendique ? Nous rappelons qu’il y a un précédent, car vous n’avez pas souhaité appliquer les préconisations inscrites au Document Unique issu du travail commun entre la médecine du travail et le service santé au travail du CHU suite à la tentative de suicide de notre collègue dans notre service. Il s’agit pourtant de la seule référence sur les risques professionnels de ce service à ce jour en attendant les enquêtes du cabinet ISAST et du service de santé au travail.
S’il y a engagement de la direction générale sur l’application des préconisations du CHSCT Purpan Plaine (seule instance habilitée à émettre un avis sur une situation de risque décrite dans ce service) à l’issue de l’analyse des deux enquêtes, une suspension du mouvement sera possible.
La deuxième proposition est contraire à une des revendications du préavis de grève (maintien du travail en 9h), il apparaît donc logique qu’elle ne soit pas retenue. De plus, dans le document unique du 24 mai, il est inscrit que le projet de modification de l’organisation du travail en 7h42 est générateur de risques psychosociaux. Il s’agit donc d’une fausse solution qui aggravera notre mal être au travail.
La troisième proposition, outre le manque de tact du vocabulaire (comment voulez-vous « dissoudre » une équipe… ?), manque cruellement de description.
Elle pourrait être étudiée mais sa présentation actuelle ne donne aucune garantie ni de maintien, ni d’amélioration de l’organisation de travail. Le pôle enfant n’a pas eu la possibilité de produire un projet car sa direction l’a appris en même temps que nous ! Cette proposition manque de sérieux et ne peut être retenue en l’état.
Nous rappelons qu’aujourd’hui l’effectif minimun du service est de 5 la journée, 1 la nuit la semaine, et 3 la journée et 1 la nuit le week end alors que l’effectif normal du service est de 6 la journée, 1 la nuit la semaine, et 3 la journée et 1 la nuit le week end. Ceci est en soi une preuve que l’effectif actuel fait fonctionner les agents en mode dégradé. Nous rappelons aussi que nous avons travaillé pendant toute l’année 2011 en effectif minimum (5 la journée) en l’absence de remplacement d’une absence.
Nous réaffirmons que nous ne voulons pas travailler en binôme sur toutes les courses de façon systématique mais seulement quand cela est nécessaire. Nous voulons donc avoir la possibilité de le faire, c’est-à-dire avoir la marge de manœuvre nécessaire sur le planning au regard de l’activité pour le faire. Si nous ne pouvons plus travailler en binôme sans générer des retards et dysfonctionnements c’est que l’effectif est trop faible. La question du renforcement de l’effectif ne peut être écartée de cette façon par la direction générale, nous sommes convaincus que les expertises montreront que nous avons raison.
Ceci au regard de :
- Ø L’augmentation de l’activité à effectif constant (6% par an pendant les 6 dernières années selon la direction de pôle)
- Ø L’importance de l’activité de nuit (40 à 50 courses régulièrement) et le manque de sécurité du soin et de l’agent seul en nuit.
- Ø L’augmentation du nombre de lits de l’Hôpital des Enfants (26 lits de plus dans les projets avec un taux d’occupation de 85% (en augmentation) – source logiciel de pilotage des pôles)
- Ø L’ouverture de vacations d’examens le week-end (Echographie Cardiologique)
- Ø La baisse de la DMS sur les services de HE entraînant une intensification des courses.
- Ø L’encombrement des couloirs chambres (chambres doubles ou chambres seules où les parents sont souvent présents).
Mais aussi de la sécurité et le bien être des enfants et des parents :
- Ø À deux, nous pouvons surveiller l’enfant et rassurer les parents, dédramatiser les examens ou opérations et faire en sorte que les actes se passent dans les meilleures conditions.
- Ø A deux, nous pouvons éviter que des sondes soient arrachées sur des chariots de linges propres ou sales stockés systématiquement dans les couloirs.
- Ø À deux, nous pouvons éviter les chocs et maîtriser les éléments qui peuvent accentuer la douleur d’un enfant algique.
- Ø À deux, nous pouvons désencombrer les couloirs, les portes et les chambres plus facilement et éviter des problèmes.
Nous espérons que cette face cachée de notre métier sera mise en évidence par les études. Nous ne sommes pas des « pousse-lits » mais des soignants conscients des nécessités du patient.
Nous nous mobilisons pour améliorer le fonctionnement de l’hôpital des enfants, comme nous l’avons toujours fait mais cette fois avec une stratégie différente au regard du déni des problèmes, en ce sens nous demandons à la direction générale ainsi qu’à notre hiérarchie de respecter notre mouvement en arrêtant les pressions, brimades et aussi les mensonges sur les actions des organisations syndicales qui nous soutiennent.
A ce jour, nous ne pouvons pas lever notre mouvement qui nous a fait engager tant d’énergie et de sacrifice sans une garantie substantielle d’amélioration de nos conditions de travail notamment par le renforcement des effectifs.
Cordialement,
Les brancardiers de l’Hôpital des Enfants.
Sylvie Chauvel
Site : http://www.i-editions.com
Ne soyons plus passif, redressons nous, dressons nous, ensemble. J’ai rencontré l’auteur Elisabeth Dès, qui a recueilli mon témoignage(que je dédie à mes deux amours de filles et mon merveilleux compagnon), qui m’aide beaucoup et comme elle, je partage depuis des années le même combat pour le respect de l’autre, pour l’amour de mon métier. Son livre vient de paraitre. à faire circuler, je suis certaine que beaucoup vont se retrouver. Il faut que cela se sache, il faut que cela change!
Les points sur les i éditions
http://www.i-editions.com