Source : la dépêche du midi
Karen et ses soutiens pensent saisir le tribunal administratif si la situation n’évolue pas./ Photo DDM Sébastien Lapeyrère
En janvier, Karen, infirmière à l’hôpital psychiatrique d’Auch, recevait un avertissement pour avoir «désobéi à une prescription». Elle assure pourtant avoir suivi la demande du médecin et clame sa bonne foi.
«Soutien à Karen» mentionne le badge des infirmiers CGT venus rencontrer Philippe Martin hier. Karen, c’est cette infirmière de l’hôpital psychiatrique d’Auch qui, en janvier, a reçu un avertissement pour avoir « désobéi à une prescription » selon les motifs de la sanction.
« Sauf qu’elle n’a pas désobéi », annonce sans détour Angèle Léger, secrétaire adjointe de la CGT de l’hôpital. Et Fabrice Lamarque, le secrétaire, d’expliquer : « Un patient a fugué et le médecin a demandé à ce que Karen se rende chez lui. Le problème, c’est que ce patient était en hospitalisation libre. ça signifie que l’équipe n’avait pas le droit d’aller à son domicile. De plus, il représentait une certaine dangerosité. » Ne voulant pas se mettre dans l’illégalité, Karen rappelle le médecin et lui fait part de son inquiétude.
Devoir d’infirmière
« Il m’a dit que je n’avais pas à discuter, que c’était un ordre, appuie Karen. Pourtant les infirmiers ont le droit de remettre en cause une prescription, comme dans le cas où il y aurait une erreur de dosage pour un médicament, car c’est alors l’infirmier qui est responsable. » Karen se rend finalement chez le patient avec un autre infirmier. Ils reviennent bredouilles car l’homme n’est pas chez lui. Elle en avertira ensuite le médecin prescripteur.
Karen est sanctionnée en janvier. La CGT saisit le conseil de surveillance, sans résultat. Ils souhaitent se tourner désormais vers le tribunal administratif. Mais l’attente pourrait être longue ensuite, alors pour faire bouger les choses, ils ont choisi de s’adresser à Philippe Martin, président du conseil général. Dans un communiqué, celui-ci a rappelé « qu’il n’avait pas le pouvoir de peser sur les décisions internes prises par la direction et le corps médical, mais s’est dit sensible, au vu du dossier, à l’incompréhension et au désarroi de cette infirmière. A l’issue de cet entretien, Philippe Martin a eu un échange téléphonique avec Monsieur Jean-Jacques Ochrymczuk, directeur du CHS, qui s’est engagé à soumettre le réexamen de cette mesure disciplinaire à une commission paritaire de l’établissement d’ici à la fin du mois. » Les responsables CGT de l’hôpital assurent qu’aujourd’hui « il y a une désaffection du personnel. La psychiatrie, ce n’est pas facile. Les infirmiers se demandent maintenant s’ils ont le droit de discuter ou non une prescription. » Ils estiment que « dans le cas de Karen, qu’elle se soit rendue chez ce patient ou qu’elle n’y soit pas allée, dans les deux cas, elle était vue comme coupable. » T.N.
Ce qu’en pense le directeur
Jean-Jacques Ochrymczuc est directeur de l’établissement psychiatrique. Il confirme que l’infirmière concernée a fait l’objet d’une sanction disciplinaire au début de l’année, même s’il rappelle ne pas pouvoir « parler du cas précis de Karen P. » pour des raisons de confidentialité. Il souligne cependant qu’il « n’a jamais été contesté que les infirmiers puissent discuter d’une prescription. Leur statut précise qu’ils donnent un avis éclairé en tant que professionnel. L’établissement est pluridisciplinaire et l’avis de chacun est pris en compte. Le rôle des infirmiers n’est pas de contredire ou de contester, ils apportent un avis supplémentaire au médecin qui va faire la prescription. Ils rendent compte de ce qui se passe avec le patient. Mais celui qui assume la responsabilité de l’acte, notamment au niveau pénal, c’est le psychiatre. Dès lors que le psychiatre dit Ma décision est celle-ci, les infirmiers doivent donc l’exécuter. »