[06/01/10] Les echos.
Les infirmiers et infirmières des hôpitaux devront choisir entre leur statut actuel et une nouvelle catégorie, mieux rémunérée mais avec un départ à la retraite plus tardif. Les revalorisations salariales coûteront 600 millions d’euros par an à l’Etat.
C’est une petite révolution pour les 230.000 infirmiers et infirmières et 80.000 paramédicaux salariés des hôpitaux. Ces personnels de la fonction publique hospitalière vont bientôt devoir faire un choix crucial à la suite d’une réforme qui entrera en vigueur cette année. Ils auront alors six mois (sans doute lors du second semestre) pour choisir entre une retraite précoce et une revalorisation salariale faible, ou bien une augmentation substantielle de leurs revenus en contrepartie d’une carrière plus longue. Le gouvernement est en train de mettre la dernière main à ce dispositif, qui fera l’objet d’un bref texte de loi présenté au Parlement avant l’été. Les huit syndicats d’infirmiers étaient reçus hier par Roselyne Bachelot pour une dernière réunion. Après d’ultimes concessions du ministère de la Santé hier, ils ont une quinzaine de jours pour se prononcer sur le protocole d’accord qui leur est soumis, mais les nouvelles règles entreront en vigueur qu’ils le signent ou non.
Cette réforme est la concrétisation d’une promesse de campagne de Nicolas Sarkozy. Elle va faire passer tous les infirmiers, kinés ou orthophonistes de l’hôpital public de la catégorie B à la catégorie A. C’est la conséquence de la réforme licence-master-doctorat (LMD), qui donnera la reconnaissance du niveau licence aux diplômes obtenus à partir de 2012. Tous les nouveaux diplômés après cette date bénéficieront du nouveau statut. Pour les professionnels déjà en exercice, un « droit d’option » sera mis en place. Soit ils conservent leur statut, qui prévoit un droit à la retraite à partir de 55 ans. Ils bénéficieront alors d’une revalorisation salariale faible -probablement moins de 5 %. Soit ils optent pour la catégorie A. L’âge légal de départ à la retraite rejoint alors le droit commun -60 ans -mais les revalorisations salariales sont bien plus intéressantes. En milieu de carrière, vers 40 ans, une infirmière non gradée gagnerait entre 2.000 et 2.500 euros net par an de plus qu’aujourd’hui, selon le ministère. En gros, l’équivalent d’un 13e mois.
L’impact sur les retraites incertain
Le gouvernement estime que les trois quarts des infirmières en exercice choisiront le nouveau statut, notamment toutes celles qui ont moins de 40 ans, et dont le départ à la retraite paraît encore lointain. Le taux d’adhésion à la réforme sera forcément plus faible en avançant en âge : une infirmière de 53 ans aura généralement intérêt à conserver son statut actuel. Le coût de la réforme devrait atteindre 600 millions par an. L’impact sur le régime des retraites, lui, sera très progressif, et il est encore incertain : les infirmières partiront plus tard, ce qui réduira le volume des pensions versées, mais ces pensions seront plus élevées, car calculées sur la base de salaires plus élevés.
Si la CGT dénonce un « chantage », plusieurs syndicats approuvent les revalorisations salariales. « C’est une avancée majeure pour le statut des infirmières, estime Denis Basset (FO). Dommage de la gâcher avec un report de l’âge de la retraite. » Pour Dominique Coiffard (CFDT), la réforme n’est de toute façon que « symbolique » sur ce point. « Les infirmiers qui démarrent aujourd’hui leur carrière vers 23 ans doivent cotiser 41 ans pour obtenir une retraite à taux plein, ce qui les amènera bien au-delà de 60 ans », souligne-t-il. L’âge effectif de départ est déjà aujourd’hui en moyenne de 57 ans. La fin de la retraite à 55 ans pour les infirmières n’en constitue pas moins une victoire importante pour le gouvernement.