Un grand ponte des hôpitaux marseillais démissionne

humanité.fr

Signe du profond malaise qui affecte l’hôpital public, étranglé par les restrictions budgétaires, le chef des urgences neurovasculaires de l’hôpital de La Timone, à Marseille, vient de démissionner. Il dénonce un manque de moyens.

« Je quitte un service auquel je ne crois plus.  » En envoyant sa démission au ministre de la Santé, le chef du service neurovasculaire de l’hôpital marseillais de La Timone a créé une véritable onde de choc dans le Landerneau hospitalier. Spécialiste de la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC), le professeur François Nicoli estime qu’il n’a plus les moyens de poursuivre sa mission en toute sécurité pour les patients. «  Je ne peux plus assumer mes fonctions dans les conditions de travail hors normes qui me sont imposées. (…) L’insuffisance flagrante et persistante des moyens médicaux et humains alloués à mon service ne me permet plus de répondre aux exigences de la qualité des soins  », écrit le neurologue dans sa lettre de démission, dont des extraits ont été publiés hier par le quotidien régional la Provence.Un homme « épuisé »

Des conditions corroborées par le personnel de son unité qui évoque un homme «  épuisé  », «  découragé  » et «  écœuré par le système  », réclamant en vain depuis des années des lits et des postes. «  Ces derniers temps, dans le service, ils étaient seulement deux médecins pour assurer un tableau de garde de trente jours  », témoignent certains.

« Cette démission ne m’étonne absolument pas.  » Membre du Mouvement de défense pour l’hôpital public (MDHP), le professeur Bernard Granger estime que François Nicoli «  n’est ni le premier ni le dernier à faire ce choix  ». Et de citer le cas du chef de service de chirurgie digestive de l’hôpital Mondor, à Créteil, ou encore celui de la cardiologie de l’hôpital Cochin, à Paris. Selon lui, la tendance risque même de «  s’amplifier  ». «  Les conditions se dégradent, en raison notamment des suppressions d’emplois dues aux restrictions budgétaires.  » L’exemple du professeur Dominique Vadrot, qui a démissionné de ses fonctions de chef de service de radiologie de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu (AP-HP) en mai dernier, illustre la pression budgétaire qui s’exerce sur les services hospitaliers. «  Depuis 2009, les effectifs globaux se sont réduits de 11 à 8 sans que personne ne se préoccupe de me demander quelles conséquences cela pourrait avoir sur l’activité de mon service et la prise en charge des patients  », déplore-t-il, alors que l’activité avait augmenté régulièrement.

Également membre du MDHP, le chirurgien orthopédiste Laurent Sedel rappelait, il y a peu, qu’il opérait «  tous les jours avec au moins une infirmière en CDD  ». Pour le professeur Granger, cette situation «  se traduit par une diminution de l’accès aux soins, ce qui dit aussi baisse de la performance du système de santé. La pesanteur des données comptables entre en totale contradiction avec nos valeurs de médecins. Ce qui créé souffrance et exaspération  ».

Au niveau de la direction générale de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), on «  déplore vivement  » cette décision. «  Le professeur a développé une activité exemplaire et de qualité dans son domaine. C’est vraiment dommage qu’il nous quitte  », a ainsi déclaré Christian Rossi, le secrétaire général de l’AP-HM. En revanche, il réfute catégoriquement l’argument du «  manque de moyens  ». «  C’est une insulte à la vérité  », a-t-il vivement réagi. «  C’est un problème d’organisation médicale, qui était autocentrée autour du professeur Nicoli  », regrette le responsable, se fondant sur un audit de la Société française neurovasculaire, tout en précisant que «  plus de 350 000 euros lui avaient été alloués pour développer son unité  ».

Quid des patients au-delà du 3 juillet, date de départ du chef de service  ? «  Aucune inquiétude, assure Christian Rossi. La prise en charge des AVC sera maintenue, avec des neurologues compétents et parfaitement capables d’assurer les gardes.  »

Les hôpitaux de l’Oise menacés

Les hôpitaux de Creil et de Senlis, dans l’Oise, fusionneront-ils  ? Rien n’est encore acté. Si le conseil de surveillance du centre hospitalier de Senlis s’est prononcé pour, celui de Creil, 
en revanche, s’est majoritairement opposé à ce rapprochement. Pour l’agence régionale de santé (ARS) de Picardie, qui est censée prendre sa décision d’ici à la fin juin, cette fusion doit permettre 
de pallier les difficultés, financières et sociales, d’organisation 
et d’investissement que rencontrent les deux établissements. 
Un point de vue loin d’être partagé par les personnels qui craignent le sacrifice d’un établissement (Senlis notamment) et des suppressions de postes, au lieu d’un renforcement de l’activité.

Alexandra Chaignon

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