Source : Station Capitole
Très haute vigilance sur les engagements de la Direction
Le mouvement de grève à l’hôpital psychiatrique prend une nouvelle tournure. La direction ayant cédé sur une grande partie des revendications locales, tous les grévistes, à l’exception de Sud et des non-syndiqués sont prêts à signer le protocole d’accord, après 40 jours de grève.
Mais alors que le directeur a entamé une procédure d’expulsion de la tente, les grévistes maintiennent la pression et espèrent fédérer tous les mouvements isolés qui commencent à surgir dans différents hôpitaux de la région.
Les grévistes de Marchant devant la préfecture de Toulouse, le 24 novembre 2010Les grévistes de Marchant obligés de lever le camp ? La menace qui plane sur la tente installée depuis 40 jours devant l’hôpital psychiatrique de Toulouse est de plus en plus sérieuse.
Il est 18h ce mercredi 24 novembre quand l’électricité qui alimente la tente est coupée. Décision du directeur de l’hôpital qui lance dans le même temps une procédure d’expulsion devant le tribunal. Michel Thiriet a profité des divergences sur le mode d’action qui fissurent le front syndical.
Seuls les non syndiqués et Sud n’entendent pas lever le camp. « Les avancées ne sont pas significatives, il y a même régression sur certains points du protocole d’accord du 12 novembre. » Le syndicat estime, par exemple, que rien n’est réglé dans l’unité RISER, qui accueille des personnes âgées en long séjour. C’est de là qu’est partie la colère, en raison d’un manque chronique de soignants.
L’infirmier Cyril Moulin explique que dans le protocole d’accord, il était prévu « un effectif d’infirmiers de 2 le matin, 2 l’après-midi et un la nuit, aujourd’hui, la direction propose un fonctionnement de 2/1/1. »
Les grévistes espéraient le soutien financier de l’Agence Régionale de la Santé pour appuyer les avancées obtenues auprès de la direction de l’hôpital. Mais à la sortie de la réunion du 24 novembre avec son directeur, Xavier Chastel, à la préfecture de Toulouse, les délégués du personnel, syndiqués, étudiants et non syndiqués sont amers. « On s’est heurté à un mur » raconte Yannick Cougoureux. Comme ses collègues, il déplore la maltraitance institutionnelle dont sont victimes patients et soignants du fait du manque de personnel. « Une souffrance à laquelle le directeur de l’ARS a été sensible » assure Véronique Bardissa, du service de communication de l’ARS.
Cependant, Xavier Chastel a simplement renvoyé la balle dans le camp du directeur de l’hôpital à qui l’ARS « alloue un budget global qu’il ventile comme il veut », tout en précisant que l’ARS a vocation à s’occuper de la santé et pas des relations entre syndicats et directeurs. Dont acte.
Vers une épidémie de revendications
Pour la CGT, les revendications locales ont été satisfaites. Le syndicat quitte donc la tente mais reste vigilant « sur la mise en place sans délais des mesures actées ». FO avait pour sa part signé le protocole d’accord le 12 novembre.
Le mouvement n’est pas terminé pour autant. Le directeur refuse toujours la signature de l’accord tant que la tente est aux portes de l’hôpital. Quelle que soit l’issue de ce dernier bras de fer, les infirmiers mobilisés depuis 40 jours ne veulent pas se laisser faire. Ils entendent maintenir la pression et s’opposeront par exemple à l’ouverture d’un nouveau service, l’UHSA, tant que les postes vacants à l’hôpital Marchant ne seront pas pourvus.
Cette Unité Hospitalière Spécialement Aménagée accueillera des détenus souffrant de troubles psychiatriques et les infirmiers craignent un transfert de personnels d’autres services vers cette nouvelle structure. Des craintes que le directeur de l’ARS n’a pas réussi à apaiser, même s’il a assuré que « la dotation budgétaire comprend également la création de 54 postes d’infirmiers ».
L’épidémie de revendications pourrait donc bien se propager et les grévistes espèrent fédérer les luttes qui pointent dans de nombreux services hospitaliers (cardiologie au CHU, hôpital des enfants, Albi…)
Une idée est d’ailleurs lancée dans les rangs des infirmiers : une tente mobile qui irait se planter dans différents sites en lutte pour attirer l’attention sur les dérives de la rentabilité du soin.
Références
Le blog des grévistes de Marchant est ici : http://marchantlatente.canalblog.com/
Lire aussi sur la Station : Et l’on se mit à lutter pour des petites cuillères
Documents joints
* Communiqué de la CGT (PDF – 96.1 ko)
* Compte rendu du 24 novembre (PDF – 53.2 ko)