Pour la première fois, l’histoire parlementaire nous aura offert un spectacle pour le moins déroutant : le Parti socialiste a choisi de voter aux côtés de la droite, du centre et de l’extrême droite… pour maintenir la taxe sur les salaires dans les hôpitaux. https://datan.fr/votes/legislature-17/vote_3435
Oui, vous avez bien lu. Alors que les services publics hospitaliers suffoquent, qu’on manque de moyens, de bras, de lits, voilà que des forces politiques qui se disent « progressistes » empêchent de retirer un poids insensé sur les épaules déjà brisées de l’hôpital public.
Rappelons-le clairement : l’hôpital public est financé par la Sécurité sociale, c’est-à-dire par les cotisations des travailleurs, pas par l’État. Cette fameuse taxe sur les salaires, c’est donc une ponction directe de l’État dans les caisses de la Sécurité sociale. Autrement dit : l’argent que les travailleurs versent pour financer leurs soins se retrouve siphonné pour combler les besoins budgétaires de Bercy, au lieu d’aller là où il devrait aller — dans les établissements de santé.
Cette taxe injuste, aberrante, archaïque — appelons-la comme on veut — ponctionne chaque année des millions d’euros à nos hôpitaux. Alors que notre déficit est de 9 millions d’euros, c’est 60 millions d’euros qui ont été versés par notre CHU en 2024 à l’Etat (4 Milliards d’euros en cumulant tous les établissements de santé). De l’argent qui pourrait financer des postes, augmenter les salaires, améliorer les conditions de travail, remplacer du matériel, sécuriser les soins, bref : servir nos patient.e.s et améliorer nos conditions de travail.
Mais non. Le 5 novembre 2025, une majorité allant de l’extrême droite au PS a décidé que le CHU de Toulouse, comme tous les hôpitaux de France, pouvait encore être ponctionné.
Il n’y a rien d’excusable dans ce renoncement.
À la CGT du CHU de Toulouse, nous le répétons avec force : chaque euro retiré à l’hôpital, c’est une prise en charge dégradée, un soignant épuisé de plus, un service menacé. Même pas besoin d’être expert pour le comprendre — il suffit de venir faire un tour dans les services, en journée comme en nuit.
Pendant que certains jouent aux équilibristes politiques, nous, hospitalier.e.s continuons de porter à bout de bras l’hôpital public. Nous dénonçons ce vote de reniement, et nous continuerons de nous battre pour que l’argent de l’hôpital reste à l’hôpital, et pour que la Sécurité sociale arrête de servir de tirelire à l’État comme de nombreuses lois issues de gouvernements socialistes (CSG, Etc).
Parce que la santé n’est pas une variable d’ajustement de l’Etat. Parce que l’hôpital n’a pas besoin de taxes : il a besoin de moyens. Et parce que, contrairement à d’autres, nous n’oublions pas pour qui nous nous battons. Nous continuerons a combattre la taxe sur les salaires mais aussi la dette illégitime des hôpitaux auprès des banques commerciales. https://www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=14203
