Une infirmière toulousaine en burn-out témoigne : « Je ne veux pas que d’autres agents hospitaliers soient dans ma situation »

 Publié le 29/10/2021 à 06:41

Une infirmière de l’hôpital des enfants de Toulouse, actuellement en arrêt de travail pour burn-out, témoigne des difficultés de son quotidien. Le CHU lui intime de reprendre ses fonctions arguant que son arrêt de travail n’est pas justifié. La jeune femme dément et indique vouloir porter plainte contre l’établissement hospitalier.

À 37 ans, Lise (prénom d’emprunt) n’aurait jamais imaginé ne plus pouvoir exercer son métier d’infirmière. En poste à l’hôpital des enfants de Toulouse depuis 14 ans, la jeune femme a craqué il y a quelques mois. La dégradation progressive de ses conditions de travail l’a peu à peu menée au burn-out, explique-t-elle. Besoins en personnel plus importants mais effectifs en baisse, manque de considération, déclassement. Lise énumère les maux d’une profession en souffrance.

Sa situation a connu une nette dégradation il y a deux ans au retour d’un congé parental. « J’ai dû me battre pour revenir au pôle pédiatrique mais je devais régulièrement changer de service. Le fait de devoir s’acclimater chaque jour à une nouvelle équipe, de nouvelles pathologies, ce n’était pas évident, et mon mal-être n’a pas été entendu par ma cadre. Petit à petit, j’ai fait des insomnies, je pleurais, je ne me reconnaissais plus. »
L’été dernier, surviennent des problèmes de santé, puis les vacances tournent au cauchemar. « Mon état s’est dégradé, mon médecin traitant m’a dit que j’étais malade et que je devais me faire traiter. » Lise entame un traitement médicamenteux et une prise en charge psychologique. « Le 10 septembre, lors d’une contre-visite, j’ai été contrôlée par un médecin agréé du CHU en moins de cinq minutes. Il m’a posé des questions, a coché la case « arrêt justifié » et m’a dit au revoir. »

L’infirmière retourne ensuite voir son médecin traitant qui prolonge son arrêt jusqu’au 1er novembre. Pourtant, le 14 octobre, la Toulousaine reçoit un courrier lui notifiant que son arrêt a été annulé par l’administration et qu’elle a 48 heures pour reprendre ses fonctions sous peine d’être radiée « des cadres du personnel du CHU de Toulouse pour abandon de poste ».

« Ça a été un choc énorme. Je ne comprends pas comment ce médecin a pu dire que j’étais apte à reprendre le travail. J’en suis incapable. Je me retrouve sans argent et sans traitement alors que je veux juste être soignée, et non pas accablée encore plus. » Lise a pris un avocat et envisage de déposer plainte pour préjudice moral et harcèlement contre le CHU dans les jours à venir. « Je ne veux pas que d’autres soignants soient dans ma situation. Ce n’est pas un caprice, je n’en peux plus. »
Contacté, le CHU indique qu’il ne peut s’exprimer sur la situation des agents, mais assure « que les choses ont été faites de façon réglementaire ».

Une alerte lancée par la CGT du CHU

Une affirmation que dément la CGT du CHU qui a lancé une procédure d’alerte pour « danger grave et imminent » le 14 octobre. « Jamais abus de pouvoir et violence managériale n’ont été poussés à tel paroxysme dans cet établissement. Nous avons pu constater que cet agent est dans une détresse psychologique intense et d’autres agents doivent être en ce moment isolés avec ce type de courrier entre leur main, le risque psychosocial et suicidaire est au maximum. Le danger grave et imminent est incontestable », écrit le syndicat dans un courrier envoyé à la direction générale. Saisie par la CGT cette semaine, l’inspection du travail a aussi rappelé à la direction qu’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) devait « être réuni à la suite de tout accident ayant entraîné ou ayant pu entraîner des conséquences graves ».

Difficile de savoir combien d’agents hospitaliers sont actuellement en arrêt suite à un burn-out. Seule certitude : la CGT n’est pas la seule à déplorer des difficultés. « On ne trouve pas de personnel, et le Covid et l’obligation vaccinale n’ont pas arrangé les choses. La situation est catastrophique », s’inquiète Victor Alava, du syndicat Sud santé.

source : LaDepeche.fr

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