SYNDICAT CGT SUD CHU TOULOUSE
Toulouse, le 11/10/2019
Lettre ouverte
Objet : Réponse à la saisine de l’inspection du travail du 3 octobre 2019.
M. le Directeur Général,
Madame la Directrice des Ressources Humaines,
Votre courrier de saisine de l’inspection du travail tentant de convaincre la DIRECCTE que les représentants du personnel CGT et Sud du CHU de Toulouse « abusent de leurs droits » à signaler la situation de dangerosité aux urgences est indigne d’une direction d’un service public hospitalier. Le courrier est scandaleux a beaucoup d’égard :
- La situation actuelle et sa dangerosité n’est pas autre chose que votre bilan marqué par l’absence d’écoute réelle des hospitalier.e.s et de la volonté de vouloir les convaincre que tout va bien. Mais aussi celui d’avoir nier et mis au panier les centaines de procédures d’alertes, préavis de grève, rapports et expertises indépendantes que nous vous avons rendus pour objectiver la situation.
- Il est regrettable que votre énergie dans cette période de forte mobilisation locale et nationale dans les hôpitaux soit portée sur la saisine de l’inspection du travail contre des « ennemis intérieurs » et non de l’ARS ou du ministère de la Santé pour obtenir des moyens supplémentaires.
- Vous dénoncez un soi-disant « abus de droit » des représentants du personnel or, votre courrier ne comporte aucun texte de loi que nous aurions outrepassé… Nous rappelons que vous nous rémunérez pour mener nos missions de prévention des risques, missions que vous entravez régulièrement et allègrement par ailleurs. Voulez-vous que nous cessions de travailler ? Ce serait dommage de sous-utiliser des fonctionnaires, vous devriez être fiers d’avoir des représentant.e.s du personnel très engagés et bien formés pour mener leur mission de prévenir la santé des hospitalier.e.s malmenées par les mesures d’austérité.
- Vous vous démasquez en considérant les hospitalier.e.s comme manipulables, incapables d’avoir leur pensée propre et leur autonomie face au management hospitaliers ou aux représentants du personnel. Alors que, bien au contraire, celles et ceux qui font tourner l’hôpital (malgré vos embuches) ont un cerveau et connaissent leurs droits et, croyez-nous, savent nous dire quand nous ne respectons pas les décisions qu’ils prennent en assemblée générale ou quand ils ne sont pas d’accord avec nous.
- Vous omettez de conter que l’administratrice de garde ce jour du 3 octobre 2019 a appelé les vigiles (qui ne sont pas intervenus) et un huissier (qui a consigné nos identités) pour tenter d’entraver notre liberté de circulation dans le service des urgences… Entrave qui revêt un caractère totalement illicite, et constitue un abus de pouvoir et un trouble à l’ordre public, nous vous informons que nous allons porter plainte pour entrave.
- Vous contestez les arrêts maladies des agents sans compétence médicale alors que vous avez la possibilité de contrôler les agents par convocation à une consultation médicale. A notre connaissance, les médecins de ville ne sont pas, comme vous le sous entendez, complices de la mobilisation menée par les affreux syndicalistes du CHU de Toulouse…
- Il est triste de penser aussi pauvrement et de nier la réalité à ce point de chercher un ennemi intérieur plutôt que de voir la colère des hospitaliers face au sous-effectif, aux fermetures de lits ou à leur faible reconnaissance salariale. Vous devez être parmi les dernières personnes en France (avec le président et la ministre du travail) à penser qu’il n’y a pas de sous-effectif dans les hôpitaux, que les agents sont trop payés ou qu’il y a trop de lits hospitaliers.
- La satisfaction des revendications des hospitaliers en lutte permettrait un apport de près de 100 millions d’euros pour le CHU de Toulouse par an… Si nous gagnons, qu’allez-vous faire ? Les refuser ? Les rendre à l’ARS ? Nous avons l’impression que vous avez perdu toute forme de raison y compris économique pour satisfaire à l’idéologie libérale.
- Nous avons trouvé un seul point d’accord sur votre courrier : c’est que la grève est une cessation collective et concertée du travail.
- Nous sommes étonnés que, jamais, il ne vous passe par la tête que les hospitalier.e.s en ont marre de la logique marchande dans les hôpitaux et que le fric prime sur notre santé et celle de nos patients ? Envisagez une seconde que la réalité soit celle-là…
Cordialement,
Pour le Syndicat CGT
Pour le Syndicat Sud