Quel « Jour d’après » ?

Communiqué de l’Union départementale CGT de Haute-Garonne

Le jour d’après, un slogan qui se répand au lendemain d’une mobilisation comme la France en a connu en 36, à la libération mais aussi dans son histoire récente (88, 95, 2002, 2003, 2010….).

Dans des circonstances aussi difficiles et douloureuses, la CGT ne peut que se féliciter de
ces journées de mobilisation des 10 et 11 janvier qui feront date dans l’histoire sociale,
politique, économique et sociétale de notre pays, de l’Europe et du monde.
Le peuple aura encore une fois répondu présent au défis de la démocratie et de la liberté menacées car du mercredi 7 janvier au vendredi qui a suivi, qu’ils soient dessinateurs ou chroniqueurs de presse, agents de police, employés de société de service ou du journal, des salariés et des étudiants sont morts au travail ou en faisant leurs courses, victimes d’un assassinat politique. Ils sont tous des nôtres !

Ils sont et nous sommes tous des Charlie car les attaques contre la sécurité sociale, les
droits des salariés, le droit au travail, le droit au logement, la démocratie, la liberté, le droit
des peuples à disposer d’un État et à leur auto détermination, la liberté d’une presse
indépendante, la paix, la lutte contre le racisme, la défense des travailleurs sans papiers, la
lutte contre le chômage et la précarité, pour l’éducation et l’accès à la culture pour tous
etc…. sont autant de sujets qui nourrissent et qui font Charlie Hebdo.

Les Charlie, ne sont pas des impertinents que l’on aimerait bien pour leur liberté de ton. Non; celles et ceux qui sont tombés comme ceux qui restent, sont surtout et avant tout, des
acteurs engagés depuis toujours et au quotidien, pour la justice et le progrès social ! Le tout avec la difficulté que leur imposent tous les conservatismes et en premier lieu ceux visant à asphyxier financièrement toute expression qui sortirait du chemin balisé « des nouveaux chiens de garde», propriété des grands groupes du CAC 40 mais aussi malheureusement, de médias publics.

Pour toutes ces raisons, ils sont nos camarades de combat et Charlie vivra coûte que
coûte !

Le jour d’après, l’histoire nous en parle
En 1945, après avoir vaincu le nazisme, l’objectif du Conseil National de la résistance était
de construire « le jour d’après », en tirant les leçons de l’histoire et en tournant le pays vers un avenir meilleurs. C’est de cette volonté commune à des forces et des gens qui ne
partageaient pourtant pas tous les mêmes idées, qu’est né le programme du Conseil
National de la Résistance intitulé à juste titre « les jours heureux ». Il s’agissait d’un courage politique aujourd’hui disparu et d’un programme qui construisaient
concrètement le vivre ensemble, avec l’antiracisme et la laïcité comme socles d’une
république démocratique et solidaire. Il y avait notamment, la nationalisation des secteurs
clé de l’économie comme bien commun du peuple et non de quelques prédateurs, les
services publics et la sécurité sociale. La sécurité sociale, avec comme préambule: « chacun
cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins». Un programme qui faisait dire à
Ambroise Croisat, Ministre du Travail et père de la sécurité sociale:« il n’y a pas de
politique efficace sans l’accompagnement d’un peuple vigilant. Rien ne pourra se
faire sans vous. Le changement n’est pas qu’une affaire de lois. Il réclame votre
participation dans la rue, la cité, l’entreprise. Il demande vos mains!».

En ce début 2015, alors que notre Pays est dans le jour d’après, qu’aurions nous à inventer
de plus novateur et de plus moderne, même 70 ans après? Alors que les moyens pour
réaliser un tel programme sont des dizaines de fois supérieurs à ceux de l’époque.

Leur Jour d’après en 2015, parlons en…

Hasard du calendrier, ce lundi 12 janvier débutait en commission parlementaire, l’examen du projet de loi Macron qui après des années de dé-tricotage du droit du travail, de la sécurité sociale, des services public et de notre tissus industriel, se résume au retour pur et simple au 19 ème siècle. Non, l’âge du ministre et son discours ne suffisent pas à le rendre moderne, il est ringard et poussiéreux ! Il aggrave tous les éléments de fracture de notre société qui tous les ans, jettent 150 000 de nos jeunes sans qualification en sortie d’école et au ban de la société, le tout pour atteindre le triste records de 25% d’entre eux au chômage. Il jette comme toujours dans ces circonstances, des pans entiers de notre jeunesse en pâture aux forces les plus obscures et fascistes . Couplé à la réforme des institutions et de l’État en cours, il brise les solidarités issues du CNR, entre les citoyens dans leur diversité et entre les territoires. En 2007, un représentant du MEDEF expliquait son programme par la formule : « Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! ». Le projet Macron et la réforme territoriale reprennent à la lettre cet objectif. Ainsi tout est dit sur « leur jour d’après » où pour eux, rien ne peut être assez grave pour justifier un changement de logiciel ! Puisqu’ils n’en veulent pas imposons leur par la lutte et la rue !

2015, année de l’unité retrouvée du peuple vers les jours heureux !
Un des fondateurs du journal disaient que les Charlie n’étaient pas des méchants, ils voulaient juste que les gens soient heureux.

Alors, tous ensemble dans l’unité et la majorité écrasante de celles et ceux qui le veulent et contre tous les tenants d’un ordre moyenâgeux porteur de toutes les violences, nous ne tomberons pas dans le piège du discours lénifiant de l’unité nationale sans parler du contenu et des objectifs !
C’est notre jeunesse et le monde du travail qui reconstruiront les jours heureux dans  les pas de nos courageux et visionnaires anciens. La CGT est disponible !

 

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