Le mouvement de grève dans les blocs opératoires se poursuit à l’hôpital Pierre-Paul Riquet. Hier, la direction du CHU de Toulouse a dû déprogrammer 62% d’opérations.
Les infirmiers du nouvel hôpital Pierre-Paul Riquet (CHU Purpan) ne désarment pas. Hier, au cinquième jour du mouvement dans les blocs opératoires, 49% des 180 personnels étaient en grève. Un peu moins que la semaine dernière (72 % le premier jour de mobilisation) mais suffisamment pour que 24 % d’entre eux soient assignés et que plus de la moitié des opérations prévues soient déprogrammées.
Dans un contexte de grève toujours difficile, le syndicat CGT avait déposé un référé devant le tribunal administratif pour «assignations abusives ». Le tribunal a rejeté la requête.
Les grévistes ont manifesté hier après-midi devant l’hôpital, aux côtés d’autres agents de l’hôpital en colère dont ceux de Logipharma (logistique).
«Nous ne pouvons pas tous faire grève tous les jours, c’est une question financière. Mais nous ne lâcherons pas. Pour nous et pour la sécurité de nos patients.», martèle une infirmière. À l’origine du mouvement : la polyvalence exigée dans les blocs depuis l’installation dans le nouvel hôpital Pierre-Paul Riquet. Les infirmières le répètent, elles ne sont pas qualifiées pour faire leur travail dans toutes les spécialités. Le stress lié au déménagement, le regroupement d’équipes qui n’avaient jamais travaillé ensemble (une partie de l’effectif de Riquet vient de l’hôpital Rangueil), le gigantisme des lieux (200 m de couloirs) et la reprise trop rapide de l’activité ont contribué au ras-le-bol général dans les blocs opératoires.
«Nous sommes dans une structure magnifique mais on nous a laissés un jour de mise en place. Depuis, nous travaillons sans nous arrêter, sans connaître les locaux ou même le contenu des boîtes ! On nous demande de savoir tout faire alors que même les chirurgiens sont hyper spécialisés, ce n’est pas logique. La semaine dernière, au bloc urgences, j’ai fait du digestif avec une collègue de maxillo-facial et moi, ça fait trente ans que je fais de la traumatologie. On dit stop, on veut éviter la catastrophe, on ne peut plus assurer un soin de qualité » explique une infirmière de bloc pour qui «l’inorganisation découle du manque de moyens humains ».
La direction du CHU, qui doit recevoir aujourd’hui les représentants du syndicat CGT pour négocier, ne conteste pas «les difficultés organisationnelles rencontrées dans la mise en route de l’hôpital Pierre-Paul Riquet». Si elle ne cédera pas sur les effectifs, elle réfléchit, avec les agents et les médecins, à d’autres scénarii d’organisation dans les blocs opératoires afin de trouver «le bon niveau de polyvalence ». Un groupe de travail se penche également sur les questions de logistique.