La situation a quelque chose d’absurde… Mais pas d’unique en tout cas. Il y a quelques jours, une dame de 63 ans en vacances tout près de Rodez, se plaint d’une « douleur très gênante et insupportable à un œil ».
La retraitée, atteinte d’un glaucome (une maladie du nerf optique), se tourne naturellement vers les ophtalmologistes du piton. Elle fait chou blanc : aucun de ceux qu’elle a contacté n’accepte de la recevoir dans l’heure. Elle se tourne alors vers un généraliste, qui, préoccupé par sa maladie, l’adresse aux urgences de l’hôpital Jacques-Puel. Nouvel écueil : « J’apprends avec indignation, que depuis octobre 2010, il n’y a plus d’urgence ophtalmologique à Rodez, à la suite de restrictions budgétaires. »La touriste est encore une fois dirigée vers un autre service, à Toulouse ce coup-ci : « Aucun transport sanitaire ne m’ayant été proposé, à 20 h 30, me voilà partie à Toulouse à 160 km. Retour à 3 heures du matin, après extraction d’une poussière incrustée sous la paupière. Je suis consternée de constater que le financier passe avant la santé et d’avoir été contrainte de faire ce déplacement pour une intervention bénigne », explique-t-elle dans un mail adressé à notre rédaction.
Pas d’ophtalmologiste public à Rodez
À l’hôpital de Rodez, Thibaut Kossmann, directeur des affaires générales, reconnaît « les désagréments pour les patients, du fait de la distance » mais précise : « C’est une décision qu’on n’a pas voulue. »
Le centre hospitalier ruthénois n’a jamais compté d’ophtalmologiste dans ses rangs. « Historiquement, ce sont les praticiens privés qui avaient la charge d’une ligne d’astreinte. On avait la possibilité de les mobiliser à tout moment pour un avis. » Sauf que, du fait d’une démographie médicale en chute, ceux-là ont décidé de ne plus participer, et ainsi, de remettre en cause la permanence des soins. « Depuis le 14 septembre 2010, nous n’avons plus de compétences en ophtalmologie et nous sommes obligés d’orienter les patients vers les CHU. À l’heure actuelle, nous n’avons aucune autre solution. C’est à l’ARS (Agence régionale de santé) d’organiser une nouvelle astreinte, et de prendre une décision. Mais il faut savoir, qu’en aucun cas, il ne s’agit d’un souci d’économie chez nous. »