Psychiatrie: le Collectif des 39 appelle à la « résistance passive » contre la loi sur les soins sans consentement
PARIS, 27 juin 2011 (APM) – Le « Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire » a appelé samedi les soignants à une « résistance passive » contre la loi sur les soins sans consentement en psychiatrie, qui va entrer en vigueur le 1er août. Le collectif lancé par des professionnels de la psychiatrie (psychiatres, infirmiers, psychologues), appelle les soignants à refuser une « loi anti-thérapeutique, sécuritaire et dangereuse ». Lors d’une manifestation samedi place de la République à Paris, qui a rassemblé près de 500 personnes selon ses organisateurs, le collectif a listé ses recommandations aux psychiatres, aux infirmiers et aux psychologues. « Nous ne ferons pas de zèle, nous n’anticiperons pas les consignes données par la loi, nous ferons acte de résistance passive, nous traînerons les pieds pour faire au maximum obstruction », indique le communiqué du collectif. Il recommande ainsi aux psychiatres de « mettre le moins d’éléments ‘à charge’ dans les dossiers médicaux et dans les certificats des patients », de refuser de rendre des avis sans avoir vu la personne, de refuser de « prédire la dangerosité ou le risque de passage à l’acte à venir ». Il suggère aussi d’indiquer dans les certificats que « l’autorité administrative prend l’entière responsabilité de la dégradation de l’état psychique du patient » si le préfet refuse la sortie d’un patient. Il suggère de faire systématiquement des certificats médicaux de « contre-indication pour les vidéos-audiences » et de refuser les accompagnements au tribunal de patients qui ne sont pas en état clinique de s’y rendre. Il estime aussi qu’il faut refuser la prescription des programmes de soin ou de ne pas y intégrer d’éléments précis et « lever les mesures de contrainte aussi rapidement que possible pour proposer des permissions en soins libres de plus de 12 heures ». Le collectif suggère notamment aux infirmiers de refuser les formations de « gestion de la violence (…) qui relèvent de l’idéologie anti-thérapeutique actuelle », de privilégier l’échange avec les patients plutôt que le relevé d’activités et de fonder des « petits collectifs de base » pour lutter contre « les pratiques de plus en plus déshumanisantes: camisole de force, contentions, cellules d’isolement, protocoles abscons ». De leur côté, les psychologues devraient refuser des psychothérapies contraintes par des programmes de soin et « refuser d’être sous la responsabilité pleine et entière du pouvoir médical ». Tous les soignants doivent s’engager à « ne pas signaler et à ne pas ficher avant d’avoir mis en place tout autre moyen respectueux de la dignité humaine » et faire figurer dans un signalement que « le manque de moyens et de personnel pour apporter les soins nécessaires à ce patient met en cause gravement l’ordre public ». Le collectif estime aussi qu’il faut refuser de donner la priorité aux soins contraints dans les centres de consultations, pour ne pas léser les personnes déjà en soins ou celles venant demander à entrer dans une démarche thérapeutique. Le collectif signale par ailleurs qu’il saisira le Conseil de l’Ordre des médecins pour « la levée du secret médical, lors des audiences judiciaires et dans les casiers psychiatriques qui se créent », la Commission européenne des droits de l’Homme sur « la mise à mal de l’inviolabilité du domicile et la mise à mal de la liberté de circulation » et le Conseil constitutionnel en « soutenant les questions prioritaires de constitutionalité et les recours possibles présentés par les patients ou leurs familles ». Cet appel suit une motion adoptée le 18 juin par les 500 participants de l’édition 2011 des rencontres de psychothérapie institutionnelle du centre hospitalier François Tosquelles de Saint-Alban (Lozère).