À Toulouse, le droit à l’avortement ne va plus tout à fait de soi…

Menaces sur le remboursement ou manque de moyens hospitaliers, le droit à l'avortement est un combat permanent, plus de quarante ans après la loi Veil./ Photo DDM, archives
Menaces sur le remboursement ou manque de moyens hospitaliers, le droit à l’avortement est un combat permanent, plus de quarante ans après la loi Veil./ Photo DDM, archives

Un collectif pour la défense de l’accès à l’interruption volontaire de grossesses (IVG) tire la sonnette d’alarme. Faute de capacité d’accueil, les délais légaux sont parfois dépassés.

C’est un témoignage mis en ligne par la section syndicale CGT du centre hospitalier universitaire toulousain (CHU). En quelques mots, une infirmière raconte sa galère dans la soirée du 6 janvier, lors de laquelle elle s’est retrouvée seule pour s’occuper de 14 patientes dans le service gynécologie de l’hôpital Paule-de-Viguier, à Purpan. «Des malades qui souffrent, des équipes épuisées», qui pour les syndicalistes sont la conséquence de la restructuration engagée dans une unité, qui accueille notamment les interruptions volontaires de grossesse. «Il s’agit du seul service public d’accueil dans la région, plaide la CGT. Alors que nous venons d’obtenir le tiers payant à 100 % pour tous les actes en lien avec l’avortement, il ne s’agit pas d’en perdre l’accès». Le syndicat dénonce notamment des suppressions de lit et un manque de personnel. Des accusations formellement démenties par le CHU (lire ci-contre) qui a été contraint d’annuler sa traditionnelle cérémonie de vœux à l’Hôtel-Dieu, mardi dernier, pour prévenir une manifestation du collectif pour la défense de l’accès à l’IVG en Haute-Garonne. Ce qui n’a pas empêché les manifestants de faire irruption dans le bureau du directeur. «Nous demandons que les patientes venant pour une IVG aient réellement du personnel affecté avec du temps et la possibilité de soigner en sécurité», souligne le collectif. Pour le CHU, ces craintes n’ont pas lieu d’être. «Il n’y a aucun refus ou retard dans les prises en charge. Les unités de chirurgie ambulatoire et hospitalisation de jour accueillant l’essentiel des IVG ne sont pas concernées par la nouvelle organisation», plaide la direction.

Mais le collectif redoute toujours un décalage entre les intentions et la réalité. Dans un autre établissement de la ville, l’hôpital public Joseph Ducuing, une patiente n’a pas pu être prise en charge, il y a deux semaines. «Le personnel était débordé, raconte une permanente du Planning familial. Résultat, elle a dépassé les délais d’intervention, de 12 semaines de grossesse et nous avons dû l’accompagner à Gérone, en Espagne où les délais sont de 24 semaines». Ces passages obligés de l’autre côté des Pyrénées pour se faire avorter sont plus fréquents qu’on pourrait le croire et esquissent quand même l’ombre d’un problème sur la situation toulousaine. De son côté, le conseil d’administration du réseau régional d’IVG médicamenteuse en ville (REIVMP) entité indépendante du CHU, n’a pas signé l’appel du collectif. S’il ne partage pas ses inquiétudes sur la situation dans les services de gynécologie, il se dit malgré tout «vigilant pour que la prise en charge des femmes soit toujours de qualité».


La direction du CHU dénonce une manipulation

Pour la direction du CHU de Toulouse, le syndicat CGT essaie de mobiliser depuis plusieurs mois les hospitaliers contre la nouvelle organisation de la gynécologie à l’hôpital Paule de Viguier. Et c’est face au faible impact de ce mouvemen que le syndicat aurait appellé à la création du collectif «accès à l’IVG en danger», qui réunit notamment l’organisation altermondialiste Attac et le Planning familial. Le CHU considère qu’en parlant de «fermeture de plusieurs lits» et de son impact supposé sur la prise en charge par l’hôpital des interruptions volontaires de grossesses, la CGT fait de la «manipulation». «Ces allégations sont dénuées de fondement, explique la direction. Nous tenons à affirmer que l’hôpital assure et continuera d’assurer la prise en charge des IVG, assumant ainsi pleinement sa mission de service public. Les unités de chirurgie ambulatoire et d’hospitalisation de jour, accueillant l’essentiel des IVG, ne sont pas concernées par la nouvelle organisation. Il y a tous les jours des places disponibles dans ces services. De plus, les moyens, en termes de personnel, n’ont pas été modifiés. Aujourd’hui, la réponse aux besoins apparaît suffisante au regard des demandes exprimées. Il n’y a eu aucun refus de prise en charge avec une activité stable depuis 3 ans, soit, en moyenne, 800 IVG par an.


Le chiffre : 2 800

euros >L’avortement. Le délai de 12 semaines de grossesse dépassé, les femmes sont contraintes de partir à l’étranger, notamment en Espagne, où l’avortement est facturé entre 500 et 2 800 euros… À Gérone, chaque semaine, une vingtaine de Françaises se font avorter.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.