« Le Code du travail peut encore sauver des vies »

Gérard Filoche : Inspecteur du travail.

«L’histoire du Code du travail est, à mon sens, assimilable à celle de la réduction du temps de travail. Elle débute en 1840 avec l’enquête du docteur Villermé, menée dans les fabriques de 
vingt villes du pays, où les ouvriers travaillaient 17 heures par jour, souvent jusqu’à en mourir. Conclusion de son rapport : il faut travailler moins ! Il a fallu quatre-vingts ans pour passer, dans les textes, de 17 à 10 heures de travail par jour. Puis arriver en 1936, pour passer de la semaine de 70 heures à celle de 40 heures, puis de 35 heures en 2002. Durant toutes ces années, on a prouvé qu’il est possible de travailler moins pour gagner plus. Mais depuis huit ans, des libéraux que je qualifie d’intégristes, à la tête de l’État, essayent de faire tourner la roue de l’histoire 
à l’envers. Retour à des journées de 10 ou 12 heures. 
Ce ne sont plus les coups de grisou qui tuent. Ce sont 
les coups portés au cœur et aux vaisseaux sanguins 
des salariés, par un temps de travail qui s’allonge, dans le stress des objectifs à atteindre ! Même si les enquêtes restent insuffisantes à ce sujet, on peut dire qu’un tiers, voire 50 % des accidents vasculaires et cardiaques sont dus au travail. D’autant plus terrifiant que la société n’en 
a pas encore conscience ! Combien croient encore 
qu’il n’y a pas de risque à travailler dans un bureau ! 
Pour lutter contre ces “coups de grisou” d’aujourd’hui, 
il faut d’abord lutter contre Sarkozy. C’est lui qui porte l’idée d’allonger le temps de travail sans se soucier 
de la santé des gens. De même que Laurence Parisot, patronne du Medef, fait l’apologie de la barbarie en affirmant que “la liberté de penser s’arrête là 
où commence le Code du Travail” ! Si nombre de chefs d’entreprise perçoivent le droit du travail comme 
un carcan, je soutiens pour ma part qu’il s’agit d’un droit intime, essentiel, fait de sang, de luttes, de larmes et 
de sueur. Il est certes aussi le droit le moins enseigné, 
le moins connu, le plus fraudé et le plus dénigré. Mais 
il peut encore, par son contenu, sauver des vies. »

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