Ce soir l’ARS a convié l’ensemble des membres du comité de suivi pour la signature du Pacte de refondation de la psychiatrie en Haute-Garonne.
Pourtant le compte n’y est pas ! Entre les objectifs affichés dans le document et la réalité du terrain vécue par les patients et les soignants il y a un gouffre. La dernière illustration de ce triste constat date de ce dimanche 5 janvier 2025 où un patient a tenté de se suicider à la consultation de psychiatrie (il est actuellement hospitalisé en Réanimation)
Le Pacte prévoit par exemple :
« Axe 3 Travailler à l’attractivité de la filière«
Mesure 1 : Evaluer les besoins en professionnels sur la filière de psychiatrie
Les équipes de psychiatrie étaient en grève depuis janvier 2024 pour réclamer des effectifs supplémentaires pour améliorer la qualité des prises en charge et la sécurité des patient et soignants. Aucun poste n’a été octroyé par la Direction du CHU, même après les évènements tragiques de février 2024. Depuis ces drames : agressions, suicides se succèdent.
Mesure 2 : Travailler sur la qualité de vie au travail et la fidélisation
->La réalité au CHU de Toulouse c’est que la Direction enchaine les mesures qui font fuir les soignants : -suppression de la prime Buzyn (100 euros net/mois) à l’UHCD fermé. La Direction n’hésite pas à baisser le salaire de soignants qui occupent pourtant des postes présentant des risques importants. Les agressions sont régulières. Un exemple récent a occasionné des blessures sérieuses à un agent qui est toujours en litige avec la Direction pour obtenir la prise en charge des soins adaptés à son état de santé.
-La Direction a infligé des blâmes injustifiés à 2 soignantes et ce malgré le soutien de médecins ayant confirmé leur attitude irréprochable.
-La Direction du CHU et l’ARS n’ayant tenu aucun compte des alertes répétées des personnels et de leurs représentants (DGI, grèves…) se sont retrouvés dans une urgence à mettre des mesures en place après les évènements de février 24. Par conséquent les travaux de déménagement de la consultation psychiatrique (ACP) et d’ouverture du LICPUP, ont été menés dans l’urgences sans écouter les demandes des agents et de l’équipe médicale, ce qui poses aujourd’hui des problèmes graves de sécurité et de conditions de travail. Les équipes ont dû déménager dans la précipitation avant la fin des travaux et la mise aux normes des locaux.
Toutes ces mesures arbitraires et injustes s’ajoutent aux traumatismes déjà vécus par les soignants qui n’ont d’autre choix que la fuite. Aujourd’hui 12 infirmier.es sont sur le départ. Ces agents sont expérimentés et font perdre au CHU des compétences et une expertise en psychiatrie pourtant essentielles pour offrir des prises en charges de qualité. Le métier d’infirmier en psychiatre a d’ailleurs été identifié comme métier en tension par la Direction. (Cf les LDG)
Au cours d’une visite une psychiatre nous a fait remonter que sa rémunération était inférieure à celle de ses collègues nouveaux arrivants et que malgré ses alertes aux autorités compétentes rien n’avait été fait. Ce qui ne la motivait pas à rester.
Faute de recrutement de médecins et de paramédicaux, l’ensemble des lits prévus dans le Pacte ne sont pas ouverts. Aucune politique d’attractivité sérieuse n’est menée.
Au-delà de ce qui se passe au CHU de Toulouse, le Pacte ne remet aucunement en question le déséquilibre qui existe en Haute-Garonne entre l’offre de soin publique et privée (25%/75%).
Lors d’une visite dans le service avec un député pendant les vacances de fin d’année, une médecin a pointé le fait que les cliniques privées reprenaient la mauvaise habitudes de « trier » les patients.
La non certification du Centre Hospitalier Gérard Marchant est une preuve supplémentaire du manque de moyens pour le service public qui résulte de choix politiques qui favorisent l’offre de soin privée à but lucratif contre une offre de soins gratuite et universelle.
Le manque de lits publics est particulièrement important et cruel en ce qui concerne les soins sans consentement et la pédopsychiatrie.
Nos revendications sont :
. Réouverture de tous les lits de psychiatrie fermés au CHU et à l’Hôpital Marchant par le recrutement massif de personnel. Pour cela, versement de toutes les primes, notamment de risques existantes, et suppression de la taxe sur les salaires (entre 300 et 500 euros d’impôts prélevés chaque mois sur chaque salaire d’hospitalier.e.s) :
• Renforcement des équipes de psychiatrie du CHU : 39 ETP sont nécessaires en plus immédiatement en psychiatrie au CHU de Toulouse, ouverture des 15 lits de post-urgences psychiatriques et des 12 lits de l’UHCD férmé, recrutement de médecins.
• Création immédiate du 9ème secteur de psychiatrie publique, puis rapidement du 10ème et 11ème secteur en nationalisant des cliniques privées, c’est-à-dire en les intégrant au service public de psychiatrie (elles sont déjà financées par la Sécurité sociale).
• Annulation des sanctions et procédures disciplinaires pour les grévistes passé.e.s et actuel.le.s des urgences pour avoir fait grève et dénoncé les conditions de soins horribles.
• Fin du management pathogène hospitalier actuel basé sur l’atteinte aux droits du personnel et à la recherche de rentabilité à tout prix.
. Nationalisation des cliniques privées