Une des propositions des organisations patronales suscite particulièrement l’hostilité des syndicats : la mise en place d’une décote temporaire et dégressive pour tout départ à la retraite avant 65 ans.
Par Frédéric Cazenave
Avant même le début d’une nouvelle réunion de négociations au sujet de l’avenir financier des régimes de retraite complémentaire (Agirc-Arrco), patronat et syndicats ont évoqué un nouveau rendez-vous « en septembre ». Les positions des partenaires sociaux restent très éloignées.
Une des propositions des organisations patronales suscite particulièrement l’hostilité des syndicats : la mise en place d’une décote temporaire et dégressive pour tout départ à la retraite avant 65 ans. Selon cette proposition, à partir de 2019, un salarié arrêtant de travailler à 62 ans se verrait appliquer une décote de 30 % la première année, de 20 % la suivante, et de 10 % à 64 ans, avant de bénéficier d’une retraite à taux plein sur ses complémentaires à 65 ans.
Pour bien comprendre l’impact de cette mesure sur les pensions des retraités, nous avons demandé au cabinet Opitmaretraite de réaliser cette simulation pour un salarié cadre ayant travaillé tout au long de sa carrière.
Exemple : cadre gagnant 54 000 euros de salaire brut par an (salaire moyen des cadres selon l’Association pour l’emploi des cadres)
Règles actuelles : A 62 ans, il perçoit 29 290 euros de pension par an (2 440 euros par mois).
Règles voulues par le Medef : A 62 ans, il toucherait 25 567 euros de pension par an (2 130 euros par mois) ; puis 26 808 euros à 63 ans ; puis 28 049 euros à 64 ans, avant de retrouver le taux plein à 65 ans.
Au total, ce retraité perdrait donc 7 447 euros entre 62 et 65 ans par rapport à la situation actuelle.
La perte de revenu est telle que cette mesure serait de nature à obliger les Français à partir après 62 ans. La négociation autour de l’Agirc-Arrco servirait alors à repousser de facto l’âge de départ à la retraite.