Ignace Garay, une figure de la CGT est partie

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Leader de la CGT dans le Fumélois pendant trente ans, Ignace Garay est mort des suites de ses blessures hier sur une route près de chez lui. Une figure de la lutte syndicale s’en va.

Il prenait la parole d’une voix rauque de cigarettes brûlées les unes après les autres. «Il avait parlé, il avait tout dit.» Choqué, José Gonzalez, actuel représentant CGT du personnel de l’usine de Fumel. «Réflexion, intelligence, il était redoutable. C’était une de ces cheminées de haut-fourneau qu’on n’oublie pas.» Des drapeaux de la CGT sont en berne depuis hier soir devant les grilles. Une journée de deuil pourrait être respectée le jour des obsèques d’Ignace Garay décédé hier.

Pendant plus de 30 ans, il a été l’ouvrier des luttes dans le Fumélois et il était encore sur les marches du palais de justice d’Agen en mai pour soutenir le combat juridique d’anciens salariés de «Pontam’», Pont-à-Mousson, le nom de l’usine, puis de la Sadefa, puis de Fumel D. En 2003, il l’était encore là, à battre le pavé pour permettre la reprise, par ses salariés, de l’entreprise métallurgique.

«Un sacré militant, il a tenu la boîte à lui tout seul pendant des années» se souvient Marc Maisonnave, ancien secrétaire général de la CGT. La «boîte» c’était ce navire que Garay Ignace défendait car il croyait à l’avenir industriel sur les bords du Lot. L’homme dérangeait les politiques, les préfets successifs et n’hésitait pas à interpeller un député Cahuzac devenu président de la commission des finances de l’Assemblée nationale.

Un «syndicaliste forcené» en dit aussi Daniel Borie, maire de Saint-Vite, ancien métallo comme «Ignace». Ancien joueur aussi, il se souvient des matches au Caoulet à Colayrac.

Le poing levé

Ignace Garay, c’était aussi celui qui levait un poing espagnol et républicain avant le coup d’envoi, avec l’équipe. Un «défenseur infatigable et déterminé des salariés et d’une certaine idée de la justice sociale (…) Son charisme et sa générosité lui ont toujours valu un respect unanime, y compris de la part de ses adversaires.» C’est ainsi qu’en parle le président PS du conseil général Pierre Camani.

Ses camarades d’usine et de syndicat, du Nouveau Parti anticapitaliste aussi sont restés muets, se souvenant sans doute des moments passés avec ce bretteur, qui n’hésitait pas à affronter ses adversaires comme il n’avait pas hésité un instant à défier les dirigeants de la Sadefa qui sombrait dans les petits arrangements entre amis. Hier matin, il était encore avec un autre NPA, Jules Bambaggi.

C’est l’image que laissera ce pan de l’histoire syndicale du Fumélois, de Lot-et-Garonne et d’Aquitaine. Hier, vers 15 heures, Ignace Garay, 63 ans, n’a pas survécu à ses blessures à l’issue d’une collision frontale à Montayral, sur une route départementale de ce bassin fumélois qu’il connaissait par cœur. Le choc a eu lieu entre l’ancienne usine Orgex et le carrefour de Perricard, dans une légère courbe qui ne peut expliquer à elle seule la violence de la collision.

Voici un poème d’Ignace :

Un siècle passé de travail et de crise,
Un siècle passé de sueur et de fer,
Un siècle passé comme au temps des cerises,
Un siècle passé à l’ombre de Prévert.

Mur gris le long de l’avenue,
Mur gris de cette usine,
Mur gris des espoirs déçus,
Mur gris de poussière et de ruines,

Entrer, sortir des milliers de fois
… et revenir.
Entrer, sortir des milliers de fois
… et repartir.

Relève pesante du matin,
Les outils, le chef, les consignes,
Et le regard de mes copains,
Et ce besoin de rester dignes.

Peuple du Sud, du Nord mêlés,
Portugais de Mirandela,
Russes blancs et polonais,
Rouges et noirs venant d’Espagne,
Garibaldiens de Romagne,
Arabes et sénégalais
et des français de la campagne.

La coulée d’acier dans nos veines,
La fonte grise et la douleur,
La lutte, la joie, la grève,
La résistance dans nos coeurs.

Ignace Garay

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