Depuis plusieurs mois, l’EPSM E. Gourmelen connaît une situation difficile marquée par un déficit budgétaire ayant conduit la direction à des décisions de gel massif de postes, de modifications des conditions de travail pour les agents (et notamment par la suppression de trois jours de RTT ; les cadres, les médecins et les directeurs n’étant pas concernés). Ces décisions touchent en premier lieu les catégories de personnel les plus précaires en particulier les agents contractuels. Situation paradoxale, l’EPSM ayant vu le périmètre de ses missions s’élargir progressivement sous l’effet d’injonctions sociales multiples, les personnels ayant répondu le plus souvent à moyen constant en se réorganisant. Aujourd’hui il nous est demandé d’en faire plus avec moins.
Ce déficit est lié d’une part au non financement d’une partie de l’activité de l’EPSM (activité psychiatrique aux urgences du CHIC, activité d’une unité d’hospitalisation au long cours financée sur la base des critères du médico-social) et d’autre part par un plan d’investissement très lourd justifié par la rénovation indispensable de locaux vétustes et enfin aggravé par la décision de l’ARS d’un taux de reconduction des Dotation Annuelle de Financement à 0% infligés aux secteurs de psychiatrie.
Cela a conduit la direction à prendre des décisions sans concertation, sans réelle discussion, l’espace nécessaire de négociation n’existant plus en raison de la diminution des moyens financiers alloués à l’EPSM.
Nous, médecins de l’EPSM, avons privilégié autant que possible la discussion à travers les instances de l’EPSM mise en place par la loi HPST. Nous constatons que, malgré les votes négatifs qui se sont succédés, la direction a décidé d’un passage en force, décision contrainte par le positionnement dogmatique de l’agence régionale de santé.
Dans un contexte national de réduction des dépenses publiques, nous comprenons la nécessité d’un effort de l’ensemble des ministères, du ministère de la santé notamment. Néanmoins, nous ne pouvons que déplorer que cet effort ne repose que sur les seuls personnels des hôpitaux publics et des usagers. Ces décisions politiques se traduisent à l’échelon régional par la mise en place de mesures décidées au niveau des agences régionales de santé, décision que notre direction est amenée à appliquer sans aucune marge de manœuvre en termes de négociation.
Considérant cette situation et les conséquences que nous observons sur la dégradation des conditions de travail à l’EPSM Gourmelen et surtout le risque de la dégradation de la qualité des soins pour les usagers de l’EPSM notamment parce que la réalisation effective de ces gels de postes nous contraindraient à la fermeture de structures de soins heurtant gravement nos obligations déontologiques et l’éthique soignante, nous demandons à l’agence régionale de santé de reconsidérer sa position en revoyant le financement de l’EPSM à hauteur des besoins de la population et non à partir d’éléments uniquement comptables.
Les personnels non médicaux en action au Porzou à Concarneau
Dans l’attente, nous médecins de l’EPSM Gourmelen, nous nous unissons aux personnels déjà mobilisés. Nous envisageons différentes modalités d’action afin de pouvoir être entendus :
Nous annonçons la participation de la communauté médicale à la mobilisation de l’ensemble des personnels de l’EPSM.
Considérant l’absence de prise en compte de notre parole lorsqu’elle est portée dans les différentes instances de l’établissement, nous décidons de ne plus participer aux instances et aux différentes commissions .
Nous informerons la population de nos difficultés et des différentes actions envisagées.
Nous demandons l’ouverture rapide de réelles discussions en présence de l’agence régionale de santé, notamment sur l’absolue nécessité de récupérer le financement auprès du CHIC de l’activité importante réalisée par le personnel de l’EPSM au sein des urgences.
Nous appelons les élus locaux à s’intéresser à notre situation, situation qui conduira à ne plus pouvoir répondre aux besoins d’une population dont nous connaissons malheureusement les difficultés (faut-il rappeler la situation bretonne concernant l’usage des toxiques et le taux de décès par suicide ?).
Nous appelons l’ensemble des personnels de l’EPSM (personnel administratif et direction inclus) à rejoindre ce mouvement ayant pour but de défendre la qualité des soins pour les patients Nous appelons l’ensemble des personnels des structures sanitaires de psychiatrie dans la région à s’associer à nos préoccupations et actions envisagées.
Nous appelons aussi les associations d’usagers et de familles à nous soutenir afin de ne pas assister à un recul historique en matière de soins. Nous ne pouvons que dénoncer le double discours officiel insistant d’un côté sur la bien-traitance, la prévention, la qualité et la sécurité des soins et de l’autre…, encourageant à des réductions massives des effectifs soignants qui inévitablement pèseront sur le temps passé auprès des patients, les personnels soignants étant la seule ressource en psychiatrie.
Les médecins de l’EPSM E. Gourmelen