Toulouse : alerte pour les bébés
Toulouse (Haute-Garonne), correspondance.
À Toulouse, on n’opère plus les nouveau-nés souffrant d’une malformation cardiaque. L’activité du service de chirurgie cardiaque pédiatrique de l’Hôpital des enfants est suspendue. La décision a été prise le 29 décembre par l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH). Conséquence : en un peu plus d’un mois, neuf bébés, âgés d’à peine quelques jours, ont été transférés à Paris ou Marseille. Dix autres, qui doivent être opérés, sont en attente.
L’ARH justifie sa décision par le manque d’une salle de radiologie spécifique dans le service. Les actes de radiologie sont effectués à la clinique privée Pasteur. Si on peut regretter que toute la chaîne de soins ne soit pas assurée par l’hôpital public, la clinique Pasteur se situe à moins de deux kilomètres et, de l’avis des praticiens, ce partenariat public-privé s’effectue dans de bonnes conditions. Surtout, une salle de radiologie spécifique est en construction à l’Hôpital des enfants et sera en service dès juin 2010.
Le directeur des hôpitaux de Toulouse a déposé un recours contre la décision de l’ARH. Celle-ci a suscité le 13 janvier une manifestation et des pétitions circulent, à l’initiative de la CGT et des parents des bébés malades. Leur transfert loin de Toulouse implique souvent de les séparer de leurs parents, et d’énormes problèmes pratiques se posent alors pour la famille. Sur proposition de Monique Durrieu (PCF), adjointe à la santé publique, le conseil municipal de Toulouse a voté un vœu pour la réouverture de la chirurgie cardiaque pédiatrique. Pour l’élue communiste, « la décision de l’ARH illustre bien la loi Bachelot : toujours plus de regroupements, toujours moins de proximité ». Le ministère aurait-il l’intention, dans l’interrégion (Midi-Pyrénées, Aquitaine, Limousin), de ne maintenir qu’un seul service de chirurgie cardiaque pédiatrique, celui de Bordeaux ? En 2009, cent cinquante bébés, venus de tout Midi-Pyrénées, ont été opérés à Toulouse.
Le Dr Bertrand Léobon, chirurgien, raconte qu’un nourrisson ventilé avec un respirateur a pris l’avion pour Paris. « Le transfert s’est bien passé », mais il ne juge vraiment pas opportun de multiplier ces vols sanitaires. Demain, le comité national d’organisation sanitaire rendra un avis consultatif sur le service chirurgical toulousain. Puis la ministre décidera.
Bruno Vincens