Chers collègues, Chers usagers,
Nous sommes des soignants des urgences psychiatriques du CHU de Toulouse et notre équipe est entièrement mobilisée depuis le 12 juillet 2011 pour l’amélioration des conditions de travail et de soins dans nos services. Pendant ce mouvement, nous n’avons pas arrêté notre travail qui est notre passion, notre engagement, notre fierté. Nous avons mis notre autocollant de gréviste en travaillant, assignés, mais nous avons manifesté de nombreuses fois, ensemble, devant l’hôpital, devant la direction, devant les caméras pour rendre visible la souffrance invisible et essayer de régler par nous même les dysfonctionnements de nos services car les réponses de notre direction sont insatisfaisantes.
Nous avons l’impression de porter notre cher service public à bout de bras, sa qualité, l’égalité d’accès, la continuité des soins malgré le sabotage des coupes budgétaires qui fait que nous sommes moins nombreux pour travailler, avec moins de repos, avec moins de temps pour notre vie privée… Travaillant plus pour vivre moins. Nous n’avons pas le droit de lâcher parce qu’il faut s’occuper des patients, des familles, qui sont d’ailleurs les seuls à reconnaitre notre travail et à constater notre épuisement. Se reposer, prendre une pause repas, ne plus penser au boulot, dormir tranquillement est devenu impossible, on ne tient plus.
Nous en voulons à ce petit président qui a décrété en 2007 la tarification à l’acte comme financement à 100% des hôpitaux et mis en place la loi Bachelot qui déstructure le public au profit du privé. Nous n’avons pas compris tout de suite, mais on l’a vécu. Avec cette tarification : l’écoute n’est pas rentable, passer 30 minutes à calmer un patient n’est pas rentable, mettre plusieurs soignants pour stabiliser un patient en crise et éviter les violences envers nous, n’est pas rentable. Respecter à la lettre les protocoles de soins ou de nettoyage n’est pas rentable. Prévenir, éduquer n’est pas rentable. 80% de notre travail ne rapporte rien, ne vaut rien selon les comptables qui gèrent l’Hôpital.
Ce travail n’est pas pris en compte et on n’a plus le temps de faire ce pourquoi on a été formées et on sort déçus, frustrés de ne pas avoir bien fait notre travail. ça s’appelle la souffrance éthique, il paraît. On a réellement l’impression d’être des dangers publics envers les patients, maltraitants, mais ce mouvement redonne du sens et nous fait prendre conscience que le problème ne vient pas de nous.
Nous savons qu’il y a des contraintes budgétaires, mais nous remettons en cause les choix qui sont faits : Qui a demandé des coupes dans le budget de la santé ? Qui, la privatisation du système de Sécu ? Qui, les dépassements d’honoraires et les fermetures de lits d’aval de psy qui entrainent l’engorgement des urgences ? Qui, la réforme des soins sans consentement qui nous donne plus de travail et transforme les patients psy en criminels ? Qui a demandé à ce que les banques responsables de la crise soient renflouées au détriment de la santé et l’éducation ? Qui a demandé que le CHU de Toulouse prenne des crédits chez Dexia ou d’autres voyous dans le même genre ? Sûrement pas nous, et nous nous rendons compte qu’il y a d’énormes responsabilités que la population doit connaître.
Tout le monde sera un jour soignant ou soigné, la santé physique et mentale est l’affaire de tous et toutes. Nous devons sauver l’un des meilleurs systèmes de santé au monde mis a mal par le marché et les mensonges (le trou de la sécu n’existe pas, si on sait où prendre l’argent !).
Nous lançons un appel à tous les «indignés» de cette situation, à tous les personnels des autres services, hôpitaux, cliniques et établissement de santé pour qu’ils se mobilisent avec tous les syndicats et associations d’usagers qui peuvent les soutenir pour abroger les lois qui privatisent l’hôpital et la Sécu et enfin améliorer la qualité de soin, les conditions de travail et le système de santé. C’est vital !
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