A l’instar des Sanofi, le personnel soignant du CHU de Toulouse a organisé ce 19 mars son troisième mardi de la colère. Il dénonce le plan d’austérité décidé par la direction de l’hôpital et de lourds problèmes d’effectifs.
Piquet et jambon-beurre
Ce mardi 19 mars à midi devant l’entrée de l’hôpital Paule-de-Viguier à Purpan, la maternité du CHU de Toulouse, quelques dizaines d’infirmiers et aide-soignants passent devant le piquet de grève et partagent avec leurs collègues grévistes un sandwich. Sur le site de Rangueil, les manifestants étalent aussi la nappe du pique-nique qui dit « Non à l’hostérité ».
Désormais, c’est ainsi que vont se dérouler les mardis de la colère. C’est le troisième. Pour autant, la grogne des soignants, en particulier ceux du service gériatrie et ceux de la maternité n’est pas récente. Selon les syndicats, près de 500 soignants travaillent au CHU dans ces deux services. Certains d’entre eux sont mobilisés depuis début février. Les mois précédents, d’autres préavis de grève avaient été posés en gériatrie, au bloc vasculaire et chez les ambulanciers du Samu.
Grève du service de maternité hôpital Paule de Viguier à Toulouse – Photo Carré d’Info, Kevin Figuier
Ils s’autoremplacent
Les agents réclament au moins un poste supplémentaire par service, trois semaines consécutives de congés annuels l’été (contre deux proposés par la direction) pour ceux qui le souhaitent ainsi que le remplacement des arrêts maladie ou maternité.
« Pour l’instant, l’hôpital a de la chance, on tente de faire avec nos moyens pour fournir une égalité et une qualité de soins aux patients. Viendra un jour où cela ne sera plus possible »
« Nous avons des problèmes de sous-effectifs chroniques. La situation a toujours été tendue mais elle est palpable depuis trois ans environ », résume Sylvie Mélenchon, représentante CGT du personnel qui travaille en gériatrie. « Les agents travaillent deux week-end sur trois, sont rappelés pendant leurs repos. Ils s’autoremplacent aussi, c’est-à-dire qu’une fois sortis de leur service, ils remplacent les absents censés prendre le relais. Cela amène à des situations de burn-out de plus en plus fréquentes. Rien que pour la maternité, 4700 accouchements ont été réalisés en 2012 alors qu’il n’en est prévu que 4000. La direction vise un objectif de 5000 sans augmenter de personnel. »
Quand les patients embauchent
Parmi les manifestants, on évoque « la conscience professionnelle du public ». « On a choisi le secteur public par éthique, philosophie. Pour l’instant, l’hôpital a de la chance, on tente de faire avec nos moyens pour fournir une égalité et une qualité de soins aux patients. Viendra un jour où cela ne sera plus possible », argumente l’un d’entre eux. « Actuellement, la direction ne pourvoit que des CDD, aucun emploi pérenne », complète Sylvie Mélenchon. Un an plus tôt, la Dépêche du Midi dénonçait des cas où en gériatrie, des familles de patients embauchaient des aides extérieures pour pallier à l’absence d’agents au moment des repas.
De son côté, la direction déclarait fin février à la Dépêche: «L’activité soutenue du CHU est en augmentation constante chaque année. Son excellence dans le domaine de la gériatrie est reconnue nationalement. Nous souhaitons répondre à l’augmentation de cette demande en soins par des moyens adaptés. En 2012 au CHU de Toulouse, il y a eu 100 recrutements supplémentaires, ce qui n’est pas le cas de tous les établissements hospitaliers en France».
Selon l’intersyndicale SUD-CGT, le mouvement de grève est illimité.