14/02/13 – 15h00 – HOSPIMEDIA
Horaires atypiques, agressions, exposition aux produits chimiques et agents biologiques… les salariés de la Fonction publique hospitalière (FPH) sont particulièrement exposés aux risques au travail. La comparaison entre FPH et secteur privé mériterait par ailleurs d’être approfondie selon la DARES.
Une analyse de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) qui exploite les données issues de l’enquête SUMER 2010 (1) relève, sans surprise, que « les expositions aux risques professionnels varient fortement d’un secteur d’activité à l’autre, selon le risque considéré, du fait notamment des métiers et contraintes spécifiques à chacun de ces secteurs« . Elle pointe qu’en 2010, « les horaires atypiques » concernent ainsi particulièrement les salariés de la fonction publique hospitalière (FPH), du commerce et des transports. Ainsi, ces personnels travaillent beaucoup plus souvent que l’ensemble des salariés selon un agenda atypique, notamment le dimanche et les jours fériés (62% dans la FPH, 46% pour le commerce et les transports). Ils sont également plus nombreux à ne pas bénéficier d’un repos hebdomadaire d’au moins 48 heures consécutives (respectivement 21% et 29% contre 15% en moyenne) et à ne pas avoir les mêmes horaires tous les jours (respectivement 38% et 30% contre 23% pour l’ensemble des secteurs), « ce qui peut rendre plus difficile la conciliation entre travail et vie privée« , commente la DARES.
En première ligne pour l’intensité du travail
« Cependant, les agents de la FPH ont moins souvent des horaires imprévisibles« , souligne-t-elle. Seuls 4% ne connaissent pas l’horaire de travail à effectuer la semaine suivante contre 10% de l’ensemble des salariés, explique-t-elle. Ils travaillent fréquemment la nuit (27%) et en équipe (44%), davantage encore que les salariés de l’industrie, traditionnellement plus concernés.
La FPH figure par ailleurs en première ligne sur l’intensité du travail. 65% des agents de la FPH – et de la Fonction publique d’Etat (FPE) ont un travail morcelé, contre 57% dans l’ensemble des secteurs : « ils doivent fréquemment interrompre une tâche pour en effectuer une autre non prévue« , explique la DARES. Les agents de la FPH sont les plus nombreux à déclarer devoir se dépêcher pour faire leur travail (46%), tout comme les salariés du commerce et des transports. « De façon générale, les salariés de la FPH apparaissent les plus exposés à une forte « demande psychologique », (charge mentale engendrée par l’accomplissement des tâches)« , relève la DARES, graphiques à l’appui.
Crainte forte des erreurs et des sanctions
« Dans la plupart des secteurs, les salariés craignent avant tout qu’une erreur dans leur travail ait des conséquences graves pour la qualité du produit ou du service : ce risque est identifié par les deux tiers des salariés en moyenne, et par les trois quarts environ des salariés de la FPH« , indique la direction.
Le risque de porter atteinte à leur sécurité ou à celle d’autres personnes, en cas d’erreur, est principalement et notamment identifié par les salariés de la FPH (69% contre 39% des salariés en moyenne). Enfin la crainte de sanctions en cas d’erreur est beaucoup plus fréquemment mentionnée par les agents de la FPH (65% contre 49% de l’ensemble des salariés).
Agressions verbales, physiques ou sexuelles
Les agressions de la part du public dans le cadre du travail touchent plus particulièrement ces salariés, de façon relativement prévisible, étant donné qu’ils sont au contact au quotidien avec la population. Ils signalent plus d’agressions verbales dans le cadre de leur travail : 18% d’entre eux contre 11% de l’ensemble des salariés déclarent avoir été victimes d’au moins une agression verbale de la part de leurs collègues et de leurs supérieurs au cours de l’année écoulée. 29% se déclarent victimes d’au moins une agression verbale de la part du public (contre 15% en moyenne).
La majorité des salariés victimes de ces agressions affirment en avoir subi plusieurs dans l’année : 9% de l’ensemble des salariés, mais 18% dans la FPH. Les agressions physiques ou sexuelles sont également plus fréquentes pour ces agents, 6% d’entre eux en ont subi au cours des douze mois précédant l’enquête contre moins de 2% de l’ensemble des salariés.
3/4 des salariés exposés aux agents biologiques
Par ailleurs, les salariés de la FPH font partie des personnels les plus fréquemment exposés à des produits chimiques. Cependant, « alors que les expositions prolongées aux agents chimiques (10 heures ou plus par semaine) sont fréquentes dans la construction et dans l’industrie (respectivement 25% et 19% des salariés), elles ne sont que légèrement supérieures à la moyenne dans la FPH (12% contre 9% en moyenne)« , relève la DARES. « Il en est de même des expositions importantes à un produit chimique, du fait de la durée et/ou de l’intensité de l’exposition : ces expositions concernent 19% des salariés dans la construction et 11% dans l’industrie, contre 5% dans la FPH et dans l’ensemble des secteurs« , indique-t-elle.
Enfin, dans la FPH, 76% des salariés sont exposés à des agents biologiques, contre 22% de l’ensemble des salariés. Cela s’explique par un travail le plus souvent au contact d’agents biologiques émanant d’autres personnes (« réservoir humain »), note la direction. Par ailleurs, 30 % des femmes sont exposées à des agents biologiques, contre 16% des hommes, car davantage confrontées au « réservoir humain ». « Cela provient pour une large part du fait que les femmes sont très majoritaires » dans la FPH, commente la DARES.
Des risques similaires entre privé et public ?
« L’exposition à la plupart des risques professionnels est similaire dans le secteur hospitalier public et privé (souvent moins de 5 points d’écart dans la part de personnes exposées« , indique la direction, citant certaines contraintes horaires, l’intensité du travail, l’exigence des normes de qualité ou les expositions chimiques et biologiques…
Cependant, les agents des hôpitaux publics déclarent plus souvent travailler de nuit que les salariés des hôpitaux privés (27% contre 21%), est-il souligné. Ils déclarent aussi plus souvent avoir été victimes d’agressions verbales, physiques ou sexuelles de la part du public dans le cadre du travail (18% déclarent plus d’une agression verbale dans l’année contre 11% dans les hôpitaux privés). À l’inverse, les salariés des hôpitaux privés déclarent plus souvent avoir au moins une « contrainte physique intense (53% contre 42%) et ne pas avoir la possibilité de faire varier les délais fixés (34 % contre 27 % pour les agents des hôpitaux publics)« .
« Les expositions aux risques professionnels du secteur hospitalier, et plus généralement du secteur de la santé nécessitent d’être explorées de façon approfondie, notamment par métier, et feront l’objet d’une publication spécifique« , annonce enfin la DARES.
Caroline Cordier
(1) L’enquête Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels (SUMER) porte en 2010 sur 22 millions de salariés du public et du privé et englobe les trois volets de la fonction publique.
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