source : libétoulouse.
Énorme manifestation à Toulouse dans une sérénité olympienne. Sauf pour les fonctionnaires des forces de l’ordre qui ouvrent la marche: ces habitués-là de tous les défilés depuis 25 ans ne «communiquent plus» de chiffres.
«Ordre» leur aurait été donné de renvoyer les observateurs «vers la préfecture», laquelle explique en suivant que, non, «aucun ordre n’a été donné». Il faut croire que l’ordre en question vient du commissariat central du boulevard de l’Embouchure. Lequel est sous la direction de ladite préfecture…
Les «plus de 110.000» personnes annoncées au micro rue de Metz par les syndicats organisateurs sont peut-être optimistes. Les «32.000» corrigés par la direction du cabinet du préfet n’ont, eux, jamais été aussi politiques.
Qui ne se sont pas encore comptés eux-mêmes, les manifestants sont en tout cas tout sourire, appréciant leur nombre à vue de nez, –«c’est pas commun, une manif’ pareille».
La question qui leur est posée par nos soins est «Et maintenant ?». Première réponse d’un salarié de Thalès: «on se pose la même!». Plus loin dans le défilé, un manifestant habillé d’orange de l’ex-DDE répond du tac-au-tac: «la grève générale!». Vus les hochements de tête de ceux qui l’accompagnent sous sa banderole, le propos est à peine provocateur.
Si la mobilisation de ce jour ne «fait rien bouger», l’intersyndicale CGT-CFDT-FO de Hewlett-Packard penche plutôt pour «une autre manifestation. Vous connaissez un autre moyen, vous ?».
Une salariée CGT du textile-habillement s’amuse à surenchérir: «et pourquoi pas séquestrer l’Élysée?» Quel que soit le ton de la réponse, domine le sentiment qu’il ne «faut pas lâcher le morceau», résume un solitaire promenant sa pancarte simplement intitulée “Merde”. Le délégué CGT européen d’Airbus Xavier Petracchi a lui une idée plus originale pour poursuivre, s’il le fallait, le mouvement: «organiser des sit-in face puissances de l’argent, les banques, ou les entreprises du Cac 40».
Un arithméticien des exercices syndicaux de rue toulousains établit le nombre de manifestants à «70.000», soit au moins 20.000 de plus que la manifestation pour les retraites du 24 juin dernier.
«Par leur mobilisation, nos concitoyens, qui comprennent la nécessité de la réforme, ont voulu exprimer un message fort en faveur de la sauvegarde de notre régime de retraite. Ce message, le Gouvernement l’a entendu», communique l’UMP de Haute-Garonne, la manifestation à peine terminée.
La solution du parti du président Sarkozy pour «faire aboutir cette réforme indispensable, équitable et efficace: restons fermes sur la réforme, soyons ouverts sur la question de la pénibilité et faisons confiance aux parlementaires». Il n’est pas sûr que ce qui ressemble à un vœu pieu ait été parfaitement partagé ce mardi par la rue.