Les urgences toulousaines au bord de la crise de nerf

Voici maintenant près de six mois que deux services d’urgences des hôpitaux toulousains sont en grève. Des soignants en sous-effectif et qui craquent littéralement.

Légende photo : Le 18 octobre dernier les grévistes des urgences psychiatriques de Purpan s’étaient enchaînés symboliquement devant l’Hôtel-Dieu – DR

« Il y a une souffrance terrible du personnel, certains songent à quitter le service voire  la profession. Nous n’avons plus les moyens d’accueillir et de prendre en charge les patients correctement » résume Julien Terrié, représentant du CHU-CGT de l’hôpital Purpan.

Depuis l’été le service d’urgences psychiatriques s’est mis en grève illimitée. Seul service d’accueil  pour tout le département de la Haute-Garonne, il compte un effectif de 40 infirmiers.

Insuffisant pour les besoins : « le nombre de postes n’a pas bougé depuis 2008 alors qu’on compte 17.000 habitants de plus par an sur l’agglomération toulousaine ». Le service ne pouvant gérer cet afflux, les patients se retrouvent à attendre dans les couloirs et les situations de tension se multiplient.

Ainsi 25 agressions ont été recensées depuis le début de l’année, sans compter les insultes et le stress subit par les équipes soignantes.

Julien Terrié y voit « les aberrations de la gestion par pôle séparé ». Les besoins sont mal évalués par l’hôpital : « ainsi les patients en prise toxique ou alcoolisés sont d’abord pris en charge par les urgences psychiatriques et souvent redirigés vers les urgences, mais dans les statistiques de l’hôpital, notre prise en charge n’apparait pas ».

En grève depuis le 12 juillet, le service a demandé la création de 8 postes, dont 6 infirmières ainsi qu’une prime de risque de 100 euros. La direction « a laissé longtemps pourrir la situation », mais après plusieurs actions médiatiques (en octobre dernier les infirmiers s’étaient enchaînés symboliquement devant l’Hôtel-Dieu) a concédé la création de 3 postes supplémentaires et offert une prime de 30 euros/ mois.

Une réponse qui ne satisfait pas les grévistes, qui considèrent leurs demandes plus que légitimes. Le délégué CGT précise que l’ARS a aussi été sollicitée pour pallier un problème supplémentaire, celui du faible nombre de lits d’aval : « A Toulouse, il y a beaucoup de cliniques privées qui sélectionnent leurs patients et se déchargent sur les urgences, créant une surcharge de patients », explique Julien Terrié.

Les urgences psychiatriques attendent les résultats de l’étude lancée par l’ARS dans l’espoir que des fonds seront débloqués mais n’entendent pas encore lever la grève.

A l’hôpital de Rangueil, même cause et mêmes effets : des sous effectifs créant des situations insupportables. Pour Monique Palhol, déléguée CGT : « depuis mai, La prise en charge des patients n’a pu s’effectuer correctement. On voyait des malades attendre dans le hall, des infirmières commencer les soins dans les couloirs. Nous avons vécu un été chaotique. »

D’autant plus qu’à Rangueil, le personnel est jeune et féminin : « le service a connu un nombre de congés maternité importants ainsi que des arrêts de travail. Les personnels étaient épuisés ». Pour autant, après 6 mois de lutte, le conflit serait en voie d’être résolu, précise la déléguée syndicale, « l’hôpital ayant accepté de débloquer des effectifs ». Mais il faudra tenir jusqu’en décembre et l’arrivée sur le marché du travail des infirmières nouvellement formées.

David Breger

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