Une nuit aux urgences de Purpan

Les cadres de nuit s'occupent de faire le lien entre les différents services de soin de l'hôpital./Photos DDM, Laure SiegelLes cadres de nuit s’occupent de faire le lien entre les différents services de soin de l’hôpital./Photos DDM, Laure Siegel

Dans les services des urgences et du Samu, chaque nuit amène son lot d’imprévus. Urgences réelles avec un enjeu vital, petits bobos, problèmes liés à l’alcool ou malades imaginaires s’y côtoient. Reportage un soir de 14-Juillet.

Un jeune d’une vingtaine d’années ne tient pas sur ses jambes. Sous la lumière blafarde des urgences du centre hospitalier de Purpan à Toulouse, il cherche son brancard. D’une voix pâteuse, il assure : « Je n’ai bu que quatre verres de vodka ». Son cas est symptomatique de celui de Toulouse en cette soirée de 14-juillet : sur huit lits occupés à l’accueil médico-chirurgical… tous le sont par des « OH », le nom de l’alcool en chimie. En temps normal, ils ne représentent que 15 % des cas. « Et c’est déjà trop » commente ce médecin de nuit. « Est-ce à la société de traiter ces cas aux urgences à 800 € la nuit ? Il nous faut des structures adaptées », insiste-t-elle. Le service des Urgences est révélateur des habitudes de consommation, « les gens viennent ici au dernier moment plutôt que d’aller voir leur médecin trois jours plus tôt ».

Apporter des réponses adaptées

à l’accueil des urgences, jambe cassée, douleurs abdominales ou crises de paludisme se pressent. Les cas sont multiples, leur gravité aussi. C’est là qu’intervient le rôle essentiel des hôtesses d’accueil du service des urgences et des régulateurs du Samu (le 15) : évaluer la gravité des cas et les aiguiller vers les services adaptés. Dans l’enceinte même du CHU de Purpan, le centre de régulation des appels du Samu reçoit entre 1000 et 1500 appels par jour. « Il nous faut savoir poser les bonnes questions pour établir un diagnostic fiable et agir en quelques minutes. Il y a des gens qui maximisent leur cas, d’autres qui minimisent, c’est à nous de jauger » confie Stéphane, ancien ambulancier. Devant eux se présentent plusieurs choix : inviter les personnes à se rapprocher du service des urgences le plus proche, envoyer une équipe de secours, ou transférer l’appel vers les médecins de permanence (voir encadré).

Une évolution des mœurs

Dans tous les services le constat est le même, les patients d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes qu’hier, et les moyens manquent. Les pathologies n’ont pas forcément évolué mais « la paupérisation et l’isolement social fait que beaucoup de gens se tournent vers nous plutôt que vers leurs médecins de garde ». Les petits bobos aussi se tournent vers les urgences, « parfois les gens viennent pour un simple pansement. Les gens ne savent plus se débrouiller par eux-mêmes ». Pourtant demain, toutes les blouses blanches seront là, avec la même passion. Celle de l’humain. Thomas Belet


Consultations par téléphone

Dans la salle de régulation des appels, une cellule a été créée pour pallier à l’absence de médecins de garde. Pendant la nuit, au moins deux médecins s’y relaient pour couvrir le département de la Haute-Garonne. « Notre rôle est véritablement de faire une consultation par téléphone, avec toute la difficulté que cela représente. Ce qu’on ne peut pas voir il faut arriver à le comprendre par la parole » confie l’un des médecins. Tous sont volontaires et effectuent ce travail en plus de leur quotidien de généraliste. « Si le patient possède les médicaments nécessaires, nous lui indiquons lesquels prendre. Si besoin est, nous faisons appel au médecin de garde de secteur ou aux équipes du Samu. Mais c’est un véritable suivi, il nous arrive de rappeler quatre fois le même patient pour être sûr que tout s’arrange ».


Le chiffre : 8

patients > Salle d’attente. C’est le nombre maximal de patients en salle d’attente des urgences à Purpan dans la nuit du 14 au 15 juillet contre plus de trente samedi dernier.

« Le matériel n’est pas le problème, c’est la question des moyens humains qui nous fait défaut »

C. Prats, Cadre de nuit au CHU de Purpan

grève > Infirmiers psychiatriques. Sur leurs blouses blanches, les mots « en grève », les infirmiers psychiatriques sont mobilisés depuis le début de semaine pour dénoncer leurs conditions de travail.


Une logistique rodée

21 heures

C’est la transition entre les équipes de jour et celles de nuit. Les deux infirmières cadres prennent le relais pour assurer le lien entre les différents services. C’est elles qui représentent l’administration pour toute la durée de la nuit. Les équipes de santé se réfèrent à elles.

22 h 50

Une dame appelle au 15. C’est une habituée qui appelle tous les soirs, l’auxiliaire de régulation lui demande d’arrêter d’appeler pour rien.

23 h 30

En moins de 24 heures, le Samu a déjà décroché 1 167 appels.

1 h 30

Les infirmières sortent des lits dans les couloirs pour se tenir prêtes. Si les personnels médicaux essayent de préserver l’intimité des patients, ils sont parfois obligés de mettre des lits dans les couloirs devant le manque de place.

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