Les hôpitaux réduisent encore leur déficit…

Les hôpitaux réduisent encore leur déficit au prix d’importantes suppressions d’effectifs

Les établissements de santé publics ont totalisé 460 millions d’euros de déficit en 2010. Cette amélioration de 14 % s’explique surtout par les suppressions de postes. L’objectif « zéro déficit » en 2012, fixé par Nicolas Sarkozy, ne sera pas atteint, selon la Fédération hospitalière de France.

L’hôpital continue à réduire son déficit, mais pas assez vite pour le ramener à zéro l’an prochain comme l’a demandé Nicolas Sarkozy. Les établissements de santé publics – on en compte plus d’un millier -ont totalisé 460 millions d’euros de déficit en 2010, selon les chiffres quasi définitifs de la Fédération hospitalière de France (FHF). Une amélioration de 14 % par rapport aux 535 millions enregistrés un an plus tôt.

« C’est une bonne performance par rapport à 2009, où la réduction du déficit avait été moins forte », se félicite Gérard Vincent, délégué général de la FHF. Les déficits des hôpitaux sont le résultat de la mise en place, à partir de 2004, de la tarification à l’activité. L’établissement facture chacun de ses actes à un certain prix à l’assurance-maladie. Si ses coûts sont supérieurs à ces versements, l’établissement affiche un déficit. Si au contraire il parvient à réaliser suffisamment d’actes pour couvrir ses coûts, il présente un excédent. En plus de cette tarification, les hôpitaux reçoivent des dotations pour financer leurs missions de service public (recherche, prévention, Samu, soins aux détenus…).

Optimisation des achats

Plusieurs gros centres hospitaliers universitaires (CHU) ont assaini leurs comptes en 2010. Celui de Lille est désormais très proche de l’équilibre. Les Hospices civils de Lyon sont toujours dans le rouge, mais leur déficit a été fortement réduit. L’amélioration est sensible aussi à Nantes, Nice, etc. D’autres, comme le CHU de Nancy ou l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, peinent à progresser. Globalement, les 32 CHU ont réduit leur perte à « 334 millions d’euros en 2010, contre 420 millions en 2009 », selon Alain Hériaud, qui préside la conférence des directeurs de CHU.

« Cette embellie s’explique d’abord par une meilleure gestion, notamment l’optimisation des achats, souligne Gérard Vincent. Mais il ne faut pas se voiler la face, la masse salariale représentant 68 % de nos coûts, la réduction des déficits s’explique surtout par des suppressions de postes. » Ce qui est souvent très mal vécu dans les services concernés. Alors qu’ils augmentaient régulièrement jusqu’en 2008, les effectifs ont commencé à reculer en 2009, où près de 10.000 départs n’ont pas été remplacés (« Les Echos » du 16 mars). Le bilan pour 2010 n’est pas encore disponible, mais la contraction s’est « probablement accentuée, selon Gérard Vincent. Finalement, alors que la règle du non-remplacement d’un départ à la retraite de fonctionnaire sur deux devait épargner l’hôpital, on arrivera pratiquement au même résultat que dans la fonction publique d’Etat ».

En 2011, l’hôpital aura plus de mal à réduire son déficit. « Il se pourrait même qu’il se creuse à nouveau », prévient la FHF. Les charges des établissements augmentent spontanément « d’au moins 3 % par an ». Et les tarifs fixés par le gouvernement sont contraints pour respecter l’enveloppe allouée dans le budget de la Sécurité sociale. Alain Hériaud confirme pour les CHU : « Si les projections pour 2011 sont réalisées, on reviendra au niveau de déficit de 2009. »« On peut d’ores et déjà dire que l’objectif d’un déficit ramené à zéro en 2012 sera impossible à tenir », conclut Gérard Vincent.

VINCENT COLLEN, Les Echos

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